Printemps Paris
Ceysson & Bénétière, Paris
May 18, 2020 – July 23, 2020
Pierre Buraglio, Louis Cane, Noël Dolla, Daniel Firman, Sadie Laska, Nicolas Momein, ORLAN, Florian Pugnaire & David Raffini, Aurélie Pétrel, Lionel Sabatté, Nam Tchun-Mo, Claude Viallat, mounir fatmi
L’Europe après la pluie titrait ainsi Max Ernst l’une de ses œuvres majeures. L’Europe, aujourd’hui ? Non pas seulement l’Europe, mais le monde, le vaste monde et notre monde à chacun replié. Après la pluie, les déluges, les brouillards ? Aftermath ! Le soleil, un regain, un revival, un éveil plutôt qu’un réveil : le Printemps, le Ver sacrum de Gustav Klimt en cristallise la floraison des sens, ceux donnés par Botticelli ou Larionov tout aussi bien. C’est la saison de la remise en marche comme l’a chanté Bertold Brecht s’associant ainsi aux folkloristes. Pour le meilleur, pour le pire ? Toujours l’été à venir porté par l’espérance ailée. C’est le temps des Sécessions, des tumultes, des cerises de mai, des marches pacifiques, et des aspirations aux plages que murent et emprisonnent les pavés. L’attente des fruits passant la promesse des fleurs ? Des énergies mobilisées ! La modernité est une suite de « printemps ». Pour que parfois une rébellion porte l’utopie d’une réforme extirpant, lavant, le quotidien de la crasse des habitudes. Depuis deux siècles, c’est l’art qui annonce ces « printemps ». Toujours pour nous instiller l’espérance que « change notre vie ». Pour que tout change ? Pour que tout change afin que rien ne change ?
Bernard Ceysson, mai 2020.
Quatre citations :
L’une faite par Aby Warburg, puisée dans la Veris descriptio de Zanobio Acciauoli – lequel l’a empruntée au De rerum natura de Lucrèce :
« Que devant toi, Déesse,[Vénus] fuient les vents, devant toi et à ton approche les nuages du ciel, que sous tes pas la terre industrieuse se jonche de douces fleurs, que pour toi les flots des mers sourient et le ciel apaisé resplendisse de la lumière qui l’inonde… »
La seconde :
« Notre but est d’éveiller, d’encourager et de propager la perception artistique de notre temps […] nous ne connaissons pas de différence entre le grand art et l’art intime, entre l’art pour les riches et l’art pour les pauvres. Nous nous sommes consacrés nous-mêmes avec toute notre énergie et tous nos espoirs futurs, de tout notre être, au Printemps sacré. » Ver Sacrum, janvier 1898, 24.
Citons aussi un Prix Nobel, Bob Dylan :
«Come gather 'round people
Wherever you roam
And admit that the waters
Around you have grown
And accept it that soon
You'll be drenched to the bone.
If your time to you
Is worth savin'
Then you better start swimmin'
Or you'll sink like a stone
For the times they are a-changin'.”
Et un chanteur inspiré, Alain Bashung :
« Nous sommes là pour montrer aux gens que tous leurs rêves peuvent exister, pas pour leur dicter une façon de penser ou de ressentir. »