Dans un traité sur la calligraphie, Mir 'Alî Haravî cite un poème : « Quand un texte est dépourvu de l’élément de la beauté / Le papier s’obscurcit / Le texte doit s’écouler de la plume d’une telle façon / Que son lecteur soit apaisé grâce à lui » (cité dans Schimmel et Rivolta 38). Dans cette exhortation, le poète met en avant à la fois l’importance de la calligraphie et, d’une façon plus subtile, sa capacité à inspirer chez le lecteur une humeur contemplative. Son histoire et son mérite artistique ayant été salués dans des écrits depuis la période médiévale, la calligraphie est l’art islamique par excellence. Sheila Blair affirme que c’est « le seul art visuel produit dans les terres musulmanes qui était largement apprécié au sein de sa propre culture » (4). Erica Dodd a décrit la culture islamique comme « l’image du mot » (citée dans Blair 7) ; la calligraphie arabe est l’amalgame des deux – image et mot – car elle fonctionne à la fois sur un niveau esthétique et sémantique. Dans l’art pratique de la période islamique classique, la fonction est fournie par l’objet lui-même, alors que la forme devient le souci dominant de la calligraphie ; par contraste, les œuvres modernes telles que Machinery de Mounir Fatmi – composé d’objets pratiques sortis de leur contexte d’origine et placés dans un nouveau contexte prêtant à l’interprétation – s’appuient sur la calligraphie pour contribuer à la fois à la forme et à la fonction.1 Dans l’art classique destiné à un usage pratique, la fonction est remplie par l’objet lui-même ; la calligraphie devient dès lors principalement une forme d’ornement. Dans leur examen de ces objets, Annemarie Schimmel et Barbara Rivolta offrent des reproductions photographiques d’un large éventail d’œuvres provenant d’un grand nombre de pays et d’époques. Alors que la calligraphie utilisée dans de nombreuses peintures et textes manuscrits est facilement lisible, les écritures appliquées sur l’art pratique tendent à être soit hautement stylisée, soit partiellement cachées. Les bols sont peints avec des caractères très stylisés en kufi (12) et sa variante végétalisée (8), transformant presque les lettres en illustrations. Sur des plumiers (19), motifs végétaux et calligraphie sont tous deux utilisés pour l’ornementation, la seconde se confondant avec les premiers, et les deux servant à accroître l’attrait esthétique des objets. Une boîte brodée destinée à contenir le Coran (9) porte les images à la fois de lettres et de formes abstraites, combinant les deux éléments dans un dessin d’ensemble. Inscrit sur la lame d’un sabre (48), un poème turc est presque illisible sur un fond de lignes diagonales, le premier plan se confondant avec le fond. Dans ces exemples issus de l’art islamique classique, le propos représenté par le texte calligraphié est englobé dans l’ornement des motifs qui l’entourent. Dans sa fonction de signification symbolique ou sémantique, le texte lui-même – qui consiste en des poèmes, des versets sacrés et des bénédictions – prend un rôle secondaire pour assume une fonction d’embellissement. Ces inscriptions n’ont qu’un lien ténu avec l’objet lui-même, et la distanciation entre le mot et l’objet permet une relation sans complexité ; le texte sert d’ornementation pour compléter l’argument implicite fourni par la fonction pratique de l’objet.
Les deux versions de Machinery – une vidéo animée et une sculpture statique – présentent deux approches différentes pour réconcilier la relation forme/fonction. Précédant son pendant sculptural de deux ans, la vidéo montre un disque calligraphié tournant avec un bruit de moteur et imitant le mouvement d’une lame circulaire ou d’un engrenage. Le hadith que Fatmi utilise dans ce médaillon se traduit comme suit : « Dieu aime voir les effets de ses bienfaits sur son serviteur » (Marks 10), une phrase contenant une action implicite. Dieu bénit les gens qui agissent en fonction de ses bénédictions ; de la même façon, les moteurs font tourner les machines qui rendent manifeste cette influence par le fait de remplir leur fonction. Cette œuvre est une machine en mouvement, et avec ce mouvement viennent les expérimentations et l’abstraction. La vidéo commence avec un plan rapproché très serré qui rend méconnaissables des fragments de lettres, les réduisant à des figures abstraites. Après que l’écriture est devenue lisible par l’effet de la rotation initialement lente, le disque accroît sa vitesse et le texte se dissocie à nouveau de sa signification sémantique, obscurcie par le mouvement qu’il est censé effectuer. Toutefois, dans la version sculpturale de Machinery, l’abstraction est largement absente. La sculpture est composée de lames de scie circulaire disposées comme s’il s’agissait d’engrenages, formant un mécanisme effrayant. Contrairement au disque tournant de sa version vidéo, cette machine ne bouge pas. Les engrenages/lames sont trop éloignés les uns des autres. Bien que cette œuvre consiste en davantage que de simples mots, le texte semble y jouer un plus grand rôle sémantique ; la machine étant incapable de fonctionner, la fonction est transférée au texte lui-même. Dans ce sens, la première machine fait fonctionner un moteur tel qu’on peut s’y attendre, invisible mais audible, alors que la seconde est activée par la force de l’interprétation du spectateur.
Dans l’art calligraphique arabo-musulman moderne, il existe une tendance vers l’abstraction, destinée à libérer le texte de sa signification première afin de l’ouvrir à différentes interprétations. Tandis que l’artiste occidental a établi l’abstraction et n’a utilisé la lettre qu’en tant que matériau convenant à cet usage, « l’artiste arabe, au contraire, a d’abord dû se confronter à la sacralité de sa ‘langue du Coran’ et la ‘libérer’ ou la sauver de la ‘captivité du script’ » (Shabout 75). L’art moderne, lui, tente conférer aux mots de nouvelles significations à travers des lettres seules ou, dans des cas d’abstraction plus poussée encore, de simples formes. Dans cet acte de libération, l’artiste se permet de créer de l’art laïc, séparant son travail de la tradition de ses prédécesseurs religieux, et séparant aussi la plus importante forme d’art islamique de la raison de son importance. Initiatrice d’une forme d’art moderne arabe ayant la calligraphie pour fondement, Madiha Omar « voyait dans ses lettres des formes parfaites avec des propriétés dynamiques qui incarnaient des significations abstraites et symboliques, mais aussi des idées précises » (Ali 152). Son travail consiste à rechercher l’expansion ; par contraste, l’élément calligraphique dans la sculpture de Fatmi utilise son adhésion au texte sacré pour produire du sens. Une des dichotomies incarnées par Machinery est celle du classique et du moderne. Le classique est représenté par le contenu religieux antique du texte, qui en fait une œuvre explicitement islamique, tandis que le moderne est exprimé par les lames et leur connotation liée à la production moderne. En plaçant son travail dans la tradition de l’art pratique calligraphique, Fatmi impose des limitations à son œuvre ; contrairement aux peintures qui représentent des lettres sur un matériau neutre, les lettres qui sont inscrites à la surface des lames circulaires doivent être lues de concert avec les lames elles-mêmes.
Dans sa discussion sur l’art calligraphique arabe moderne, Nada Shabout s’intéresse à la théorie de l’« Expression vitale » de Shakir Hassan Al Saïd, qui voit dans l’admiration de la calligraphie une expérience transcendantale : « D’une part, il s’agit d’une langue car elle forme des mots ; d’autre part, il s’agit de plus qu’une langue car elle consiste en une séquence de lettres destinées à être ressenties plutôt que lues (Shabout 102). Fatmi joue avec cette perception de l’art des lettres. Marie Deparis-Yafil affirme que la présentation calligraphique d’une « beauté ambiguë » est un piège car « les mots ne sont jamais innocents ». Alors que les lettres peuvent être perçues comme des formes purement visuelles, les mots portent en eux une histoire lourde de sens, que Fatmi accentue en sélectionnant des passages qui sont associés non seulement avec des significations particulières, mais aussi avec une religion et une culture particulières. Selon la théorie d’Al Saïd, une œuvre d’art n’a « pas de frontières qui séparent le contenu de la forme ; l’expression et la chose exprimée se confondent » (103). Avec la version sculpturale de Machinery, Fatmi s’intéresse à cet aspect de l’art moderne : la combinaison d’un objet pratique et de l’art pratique dans un nouveau contexte qui encourage le spectateur à réfléchir activement à la fonction de l’œuvre. Toutefois, la beauté de la calligraphie peut être prise à tort pour une expression pure, laissant son contenu inexprimé.
Dans son interprétation de Machinery, Deparis-Yafil soutient que le travail de Fatmi, dans son acte de « supprimer les frontières entre le support et la surface, entre le matériau et le texte », encourage le spectateur à se livrer à une analyse critique. Elle suggère qu’il existe un moyen de démystifier l’image, qu’elle voit comme une énigme à résoudre. J’irais même plus loin en me demandant si l’énigme ne serait pas elle-même l’objet de l’œuvre. Deux façons d’interpréter l’œuvre sont proposées au spectateur. La première conçoit la calligraphie comme une pure forme, un magnifique embellissement qui sert à placer l’œuvre dans un contexte arabe, et donc un marqueur culturel plus qu’un message. La seconde suppose l’existence d’une signification sémantique plus profonde dans le texte arabe qui comprend plusieurs sourates et hadiths, parmi lesquels l’affirmation que « Dieu est magnifique, Il aime la beauté » et d’autres évoquant « la capacité ou le désir de l’homme d’acquérir la connaissance (Deparis-Yafil). Cette seconde approche nécessite que le spectateur prenne en compte deux aspects disparates : la machine qui ne peut pas fonctionner et qui, si elle le pouvait, serait vraisemblablement un mécanisme de destruction, et la calligraphie qui représente un dialogue sur la beauté et la connaissance, mais aussi le développement humain et le divin. Fatmi combine les deux aspects dans son œuvre, comme s’il demandait au spectateur non seulement comment réconcilier les deux – le mécanique et le spirituel, mais aussi ce est fabriqué par l’homme et ce qui est créé par Dieu – mais aussi si une telle réconciliation est possible. Si la calligraphie est pur ornement, l’œuvre peut facilement être interprétée comme la condamnation de la force déshumanisante de l’industrie dans un contexte arabe. Toutefois, si elle est un argument, il devient nécessaire d’interpréter non seulement cet argument mais aussi la façon dont il est en rapport avec le reste de l’œuvre, en tant qu’instrument d’élucidation ou de complexification. En choisissant des lames de scies circulaires comme medium pour son œuvre, Mounir Fatmi la place dans une longue tradition d’art pratique calligraphique, renforçant ce lien par l’usage de passages du Coran. Mais contrairement à ses prédécesseurs classiques, Machinery s’inscrit dans le cadre d’expositions d’art. Par conséquent, trente lames qui ont pu couper deviennent l’objet d’une analyse en profondeur. Dans la citation reprise par Mir 'Alî Haravî mentionnée plus haut, le poète suggère un lien distant entre la beauté de la parole écrite et la capacité du spectateur à entrer dans un état contemplatif ; l’attrait esthétique d’une œuvre calligraphique attire l’œil, mais la complexité de son contenu attire l’imagination. Selon Al Saïd, « l’humanité dans l’art est l’expression créative de la dualité de l’homme en tant qu’être créé et créateur à la fois » (Shabout 108). Dans Machinery, Mounir Fatmi met en scène la dualité sur plusieurs niveaux : spirituel et mécanique, laudateur et condamnatoire, traditionnel et moderne, et enfin formel et fonctionnel. Quant à la calligraphie, elle peut être interprétée en tant qu’ornement ou argument, censée embellir ou exprimer. Toutefois, dans la nature double de l’œuvre réside une difficulté non seulement pour interpréter les deux aspects disparates, mais pour découvrir de quelle façon ils se répondent. Les deux parties de Machinery nécessitent le mécanisme de l’interprétation humaine afin de pouvoir fonctionner comme un ensemble cohérent.
Megan Croutch, 18 avril 2011.
1 Je n’ai pas fait l’objet d’une évaluation par mes pairs et n’ai donc pas pu adhérer aux suggestions de mes pairs.
Œuvres citées:
Ali, Wijdan. Modern Islamic Art. Gainesville, FL: University Press of Florida, 1997. Print. Blair, Sheila. Islamic Calligraphy. Edinburgh: Edinburgh University Press, 2008. Print. Deparis-Yafil, Marie. “The Machinery.” Trans. Caroline Rossiter. Mounir Fatmi.com. AMEN SAS 12-14, n.d. Web. 23 fév. 2011. Fatmi, Mounir. The Machinery. 2009. Paint on circular saw blades in steel. Galerie Conrads, Dusseldorf. Fatmi, Mounir, dir. “The Machinery.” Animation par Benoit Hénon. Hard Head. 2007. Lowave, 2008. DVD. Marks, Laura U. “Mounir Fatmi’s Abstracting Winds.” Millennium Film Journal 53 (automne 2010/hiver 2011): 9-12. WilsonWeb. Web. 4 avril 2011. Annemarie Schimmel et Barbara Rivolta. “Islamic Calligraphy.” The Metropolitan Museum of Art Bulletin, New Series 50:1 (Summer, 1992): 1-56. JSTOR. Web. 28 fév. 2011. Shabout, Nada. Modern Arab Art. Gainesville, FL: University Press of Florida, 2007.
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In a treatise on calligraphy Mir 'Alî Haravî quotes a poem: “When a script is devoid of the element of beauty/ The paper becomes black-faced/ The script should run from the pen in such a way/ That its reader becomes restful thanks to it” (qtd. in Schimmel and Rivolta 38). In this observation, the poet emphasizes both the aesthetic importance of calligraphy, and, on a subtler level, its ability to inspire in the viewer a contemplative mood. Having its history and artistic merit proclaimed in writings from the medieval period on, calligraphy is the Islamic art par excellence. Sheila Blair asserts that it is “the only visual art produced in Islamic lands that was widely appreciated in its own culture” (4). Erica Dodd has described Islamic culture as “the image of the word” (qtd. in Blair 7); Arabic calligraphy is an amalgamation of the two – image and word – as it functions on both an aesthetic and a semantic level. In practical art of the classical Islamic period, function is provided by the object itself while form becomes the dominant concern of the calligraphy; by contrast, modern works such as Mounir Fatmi’s The Machinery – composed of practical objects removed from their original context and placed within a new context for interpretation – rely on calligraphy to contribute to both form and function.1 In classical art intended for practical use, the function is performed by the object itself; calligraphy therefore becomes primarily a form of ornamentation. In their examination of these objects, Annemarie Schimmel and Barbara Rivolta provide photographic reproductions of a wide range of works from a variety of countries and time periods. Whereas the calligraphy which forms the focus of a number of paintings and manuscript pages is easily legible, the writing on practical art tends to be either highly stylized or partially obscured. Bowls are painted with highly stylized characters in Kufic (12) and its foliated variant (8), rendering the letters almost as illustrations. On pen boxes (19), both vegetal motifs and calligraphy are employed as ornamentation, the latter blending with the former as both serve to enhance the aesthetic appeal of the cases. An embroidered Qur’an case (9) bears the images of both letters and abstract shapes, incorporating the two into one cohesive design. Inscribed in a sword blade (48), a Turkish poem is almost illegible against a background of diagonal lines, the foreground and background indistinct. In these examples of classical Islamic art, the argument represented by the calligraphic content is subsumed into the ornament of the patterns which surround it. In its function as symbolic or semantic meaning, the text itself – consisting of poems, holy verses, and blessings – takes a secondary role and assumes the secondary function of beautification. These inscriptions bear only a loose connection to the object itself, and the distance between word and object allows for an uncomplicated relationship; the word serves as ornamentation to complement the implicit argument provided by the object’s practical function.
The two versions of The Machinery – one an animated video and the other a static sculpture – demonstrate two different approaches to reconciling the form-function relationship. Preceding its counterpart by two years, the video depicts a revolving roundel of calligraphy, spinning to the sound of a whirring motor, mimicking the motion of a blade or gear. The hadith Fatmi employs for this roundel translates as “if God gives blessings to His servants, He likes to see their effects” (Marks 10); implicit in this quotation is action. God blesses people, who act according to these blessings; similarly, motors power machines which make evident this influence by performing their function. This piece is a machine in motion, and with that motion come experiments in abstraction. The video begins with an extreme close-up, which renders parts of letters unrecognizable as anything other than abstract figures. After the writing has become legible at a slow revolution, the roundel increases its speed and the writing again becomes divorced from its semantic meaning, obscured by the motion it is intended to perform. However, in the sculptural rendition of The Machinery, abstraction is largely absent. The sculpture is comprised of circular saw blades arranged as if they were gears, forming an intimidating mechanism. Unlike the spinning roundel of its video counterpart, this machine does not move; the gears/blades are placed too far apart. Although this piece consists of more than mere words, the text appears to play a greater semantic role; as a machine which lacks the ability to function, the function is transferred to the text itself. In this sense, the earlier machine runs on the expected motor, invisible but audible, whereas the later mechanism is activated by the force of the viewer’s interpretation.
In modern Islamic and Arab letter art, there is a trend toward abstraction, intended to liberate the text from its standard meaning in order to open it up to different interpretations. Whereas the Western artist established abstraction and used the letter only as a material suitable to this end, “the Arab artist, conversely, first had to confront the sacredness of his ‘language of the Quran’ and to ‘free’ or save it from ‘the captivity of the script’” (Shabout 75). Modern art, then, attempts to imbue words with new meaning as individual letters or, in cases of further abstraction, mere shapes. In this act of liberation, the artist allows himself or herself the ability to create secular art, separating their work from the tradition of its Islamic predecessors and the most important form of Islamic art from the reason for its importance. The progenitor of the form of modern Arab art which takes calligraphy as its foundation, Madiha Omar “saw in her letters perfect forms with dynamic properties that embodied abstract and symbolic meanings as well as particular ideas” (Ali 152). Her work is an exercise in expansion; in contrast, the calligraphic element of Fatmi’s sculpture utilizes its adherence to sacred text to produce meaning. One of the dichotomies embodied in The Machinery is that of classical and modern. The former is exemplified by the ancient religious content of the text, which marks it as an explicitly Islamic piece, while the latter is expressed in the blades and their connotation of contemporary production. In positioning his work in the tradition of practical calligraphic art, Fatmi enforces limitations on his piece; unlike the paintings which depict letters against a neutral material, the letters which inscribe the surface of the circular saw blades must be read in concert with the blades themselves.
In her discussion of modern Arab calligraphic art, Nada Shabout engages with Shakir Hassan Al Said’s theory of “Vital Expression”, which envisions appreciation of calligraphic art as a transcendent experience: “[o]n the one hand, it is a language because it forms words; on the other, it is more than a language because it consists of a sequence of letters intended to be experienced rather than read” (Shabout 102). Fatmi plays with this perception of letter art; Marie Deparis-Yafil contends that the calligraphic display of “ambiguous beauty” is a trap because “words are never harmless”. While letters may be experienced as purely visual forms, words carry with them a history of meaning, which Fatmi emphasizes by selecting passages which are associated not only with specific meanings, but with a particular religion and culture. According to Al Said’s theory, the work of art has “no boundaries that separate content from form, where expression and the thing expressed merge” (103). With the sculptural version of The Machinery, Fatmi engages with this aspect of modern art; the combination of a practical object with a practical art in a new context encourages the viewer to actively consider the function of the piece. However, the beauty of the calligraphy may be misconstrued as pure expression, leaving its content unexpressed.
In her reading of The Machinery, Deparis-Yafil argues that Fatmi’s work, in its act of “breaking down the boundaries between the support and the surface, between the material and the text”, encourages the viewer to engage in critical analysis. She suggests that there is some way to demystify the image, which she figures as a puzzle to solve. I would perhaps venture further, to inquire whether the puzzle is not itself the focus of the piece. The viewer is offered two different ways of reading the work. The first conceives of the calligraphy as pure form, a beautiful embellishment which serves to position the piece in an Arab context, more a cultural marker than a message. The second assumes the existence of a deeper semantic meaning in the Arabic text, which is comprised of several surah and hadiths, among them the statement that “God is Beautiful, He loves Beauty” and others which evoke “man’s capacity, or desire, to obtain knowledge” (Deparis-Yafil). This approach requires the viewer to consider the two disparate aspects: the machine which cannot function and which, if it could, would likely be a mechanism of destruction, and the calligraphy which figures a discussion of beauty and knowledge, as well as human development and the divine. Fatmi combines the two in one work, as if asking the viewer not only how we may reconcile the two – the mechanical and the spiritual, as well as that which humans manufacture and that which God creates – but whether such a reconciliation is even possible. If the calligraphy is pure ornament, the piece may easily be read as an indictment of the dehumanizing force of industry in an Arab context; however, if it is argument, it becomes necessary to interpret not only the argument itself, but the way in which it relates to the rest of the work, as an instrument of elucidation or complication. In selecting circular saw blades as the medium for his work, Mounir Fatmi positions the piece in a long tradition of practical calligraphic art, strengthening this association through the use of passages from the Qur’an. Unlike its classical predecessors, however, The Machinery functions within the confines of art exhibitions. Consequently, thirty blades which may have cut instead become the object of incisive analysis. In the quotation cited by Mir 'Al_ Harav_ mentioned above, the poet suggests a causal connection between the beauty of the written word and the capability of the viewer to enter into a state of contemplation; the aesthetic appeal of a work of calligraphic art draws the eye, but the complexity of its content attracts the imagination. According to Al Said, “humanity in art is the creative expression of the duality of man as both a created being and a creator” (Shabout 108). In The Machinery, Mounir Fatmi stages duality on a number of levels: spiritual and mechanical, laudatory and condemnatory, traditional and modern, and formal and functional. The calligraphy itself may be read as either ornament or argument, responsible for either beautification or expression. However, in the work’s dual nature lies a challenge not merely to interpret the two disparate aspects, but to discover the ways in which they inform each other. The two parts of The Machinery require the mechanism of human interpretation in order to function as a cohesive whole.
Megan Croutch, 18 April 2011.
1 I did not receive a peer review and therefore could not adhere to my peer reviewer’s suggestions.
Works Cited
Ali, Wijdan. Modern Islamic Art. Gainesville, FL: University Press of Florida, 1997. Print. Blair, Sheila. Islamic Calligraphy. Edinburgh: Edinburgh University Press, 2008. Print. Deparis-Yafil, Marie. “The Machinery.” Trans. Caroline Rossiter. Mounir Fatmi.com. AMEN SAS 12-14, n.d. Web. 23 Feb. 2011. Fatmi, Mounir. The Machinery. 2009. Paint on circular saw blades in steel. Galerie Conrads, Dusseldorf. Fatmi, Mounir, dir. “The Machinery.” Animation by Benoit Hénon. Hard head. 2007. Lowave, 2008. DVD. Marks, Laura U. “Mounir Fatmi’s Abstracting Winds.” Millennium Film Journal 53 (Fall 2010/Winter 2011): 9-12. WilsonWeb. Web. 4 Apr. 2011. Schimmel, Annemarie and Barbara Rivolta. “Islamic Calligraphy.” The Metropolitan Museum of Art Bulletin, New Series 50:1 (Summer, 1992): 1-56. JSTOR. Web. 28 Feb. 2011. Shabout, Nada. Modern Arab Art. Gainesville, FL: University Press of Florida, 2007. Print
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