Fatmi critique la formation de structures politiques et économiques supranationales à la fin des années 90 et présente un regard ironique sur une mégapole et sur l’architecture urbaine avec un point de vue arabe.
Le concept de la mégalopole est remis en cause avec ironie dans une exposition qui a récemment démarré signée de l’une des jeunes figures montantes de l’art contemporain moyen-oriental. Mounir Fatmi, un artiste marocain vivant à Paris, expose ses œuvres récentes dans le cadre de l’exposition « Megalopoller/Megalopolis », à la galerie Akbank dans le quartier de Beyoğlu à Istanbul, jusqu’au 19 mars. Fatmi, dont le travail a été exposé dans de nombreux pays dont la Suisse, l’Allemagne, la France et le Japon et qui a reçu le Grand Prix à la 7e Biennale de Dakar en 2006, critique la formation de structures politiques et économiques supranationales à la fin des années 90 et présente un regard ironique sur une mégapole et sur l’architecture urbaine avec un point de vue arabe. « Le conservateur Ali Akay et Akbank m’ont invité à monter une exposition », a déclaré Fatmi dans une interview avec le Zaman d’aujourd’hui. Il s’agit de sa première exposition à Istanbul. « Les films présentés dans l’exposition sont issus d’Ovalproject, un projet que j’ai réalité à Mantes-la-Jolie, une banlieue de Paris, entre 2001 et 2005, mais ils ont été récemment terminés, en janvier. »
La critique d’une nouvelle ère
« D’une façon générale, je définirais une mégapole d’après la vitesse du développement architectural dans les villes sans prendre le temps de prendre en compte ou de réfléchir au bien-être des gens qui y vivent », dit Fatmi. « Des constructions bon marché et l’absence d’espaces verts ou de passerelles, par exemple. » « Des villes nouvelles comme Dubaï sont intéressantes à observer du fait de leur construction rapide par des gens venus du monde entier ; des sociétés et banques étrangères construisant leurs nouveaux bureaux et leurs sièges, bâtis par des gens qui viennent d’autres pays », explique Fatmi à propos de ses observations liées aux changements dans les villes et l’influence du supra-nationalisme et du globalisme sur leur évolution. Pour Fatmi, Istanbul est aussi une mégapole où différents éléments sont mêlés ensemble. « Istanbul est une ville formidable qui semble allier l’ancien et le nouveau, l’Est et l’Ouest de la meilleure des façons », dit-il. « Elle est antique tout en développant sa propre voix et sa place dans le monde d’aujourd’hui. »
La transition dans le monde arabe
« Je travaille sur une grande variété de supports, traditionnels ou technologiques, en fonction de la pièce que je suis en train de concevoir », explique Fatmi. « Certains des films ont été créés spécifiquement pour cette exposition, mais d’autres, comme les casques de chantier, font partie d’un travail plus global que je développe autour de l’architecture et de la ville. J’ai aussi travaillé dans le passé avec des cassettes vidéo. Dans le cadre de cette exposition, ils ont suggéré un écran plat qui permette aux gens d’y projeter leurs propres images et idées. » L’une des parties les plus intéressantes de l’exposition est l’installation faite de casques portant les noms de grands théoriciens français. « L’idée centrale derrière ce projet est née lorsque j’ai créé des casques pour certains des plus grands théoriciens français, dont Deleuze, Derrida, Foucault, Baudrillard », explique Fatmi, « et cette idée de protéger le cerveau et de protéger la fragilité de la pensée et de la philosophie, la structure de la pensée et de la réflexion. Leurs noms inscrits sur ces casques instantanément reconnaissables suggèrent la notion de construction et offrent un moyen formel et créer au premier regard un lien avec l’architecture. » Alors que le monde arabe traverse un gigantesque processus de transition au cours duquel le monde est témoin d’une invraisemblable série de révolutions, Fatmi estime qu’une époque plus favorable encore e prépare pour la florissante scène d’art contemporain du Moyen Orient dans une telle atmosphère. « Les artistes du monde arabe n’attendaient pas un changement politique ou économique pour créer leur travail », dit Fatmi en notant que le processus a démarré il y a longtemps. « Les artistes continuent à travailler quelle que soit la situation. Mais peut-être qu’à présent on se tournera davantage vers eux pour ajouter au dialogue sur ce qui se passe politiquement. Je pense que le plus grand changement ou la plus grande transition, c’est qu’il existe désormais une plate-forme plus importante pour les artistes du monde arabe pour qu’ils puissent exposer leur travail dans le monde arabe, au Qatar, à Dubaï ou au Maroc, par exemple, et pas seulement dans des pays étrangers, mais peut-être désormais aussi dans le leur. C’est ça, le plus grand changement pour les artistes eux-mêmes. »
Hatice Ahsen Utku
Sunday's Zaman,Istanbul
28 Février 2011
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Fatmi criticizes the formation of supranational political and economic structures in the late 1990s and offers an ironic perspective of a megalopolis and urban architecture from an Arab point of view.
The concept of the megalopolis is being questioned in an ironic way in an exhibition recently opened by one of the young and successful figures of Middle Eastern contemporary art. Mounir Fatmi, a Moroccan artist living in Paris, is displaying his recent works in the exhibition "Megalopoller/Megalopolis," on view at the Akbank Art Gallery in İstanbul’s Beyoğlu district until March 19.
Fatmi, whose works have been exhibited in many countries, including Switzerland, Germany, France and Japan, and who was awarded the Grand Prize of the 7th Dakar Biennial in 2006, criticizes the formation of supranational political and economic structures in the late 1990s and offers an ironic perspective of a megalopolis and urban architecture from an Arab point of view.
"Curator Ali Akay and Akbank invited me to stage an exhibit," said Fatmi in an interview with Today's Zaman. This is his first exhibition in ?stanbul. "The films in the exhibition come out of the Ovalprojet, a project I did in Mantes-la-Jolie, a suburb of Paris, between 2001 and 2005, but which were recently completed, in January."
Criticizing the new era
"Broadly speaking, I would define a megalopolis in regards to the speed and rapidity of architectural development in cities without taking time to consider or reflect upon the wellbeing of the people who live in the city," Fatmi says. "Cheap construction and a lack of green spaces or walkways for example."
"New cities such as Dubai are interesting to look at in terms of their rapid construction by people from all over the world -- foreign companies and banks building new offices or headquarters and being constructed by people from other countries," Fatmi says as he explains his observations related to changes in the cities and the influence of supra-nationalism and globalism on them. For Fatmi, ?stanbul is also a megalopolis where different elements merge in the same pot. “İstanbul is a fantastic city that seems to blend old and new, East and West in the best of ways," says Fatmi. "It's ancient while developing its own voice and place in the contemporary world."
Transition in Arab world
"I work in a variety of mediums -- traditional or technological, depending on the piece I am making," explains Fatmi. "Some of the films were made specifically for this exhibition, but others, like the hard hats, form part of the larger body of work I have been developing about architecture and the city. I have also previously worked with videocassettes. In the context of this exhibition, they suggest a flat screen and allow people to project their own images and ideas upon them."
One of the most interesting sections of the exhibition is the installation comprising helmets with great French theorists' names on them. "The principal idea behind this project started with me making hard hats for some of the major French theorists, including [Gilles] Deleuze, [Jacques] Derrida, [Michel] Foucault, [Jean] Baudrillard," explains Fatmi, "and this notion of protecting the brain and to protect the fragility of thought and philosophy and protecting the structure of thought and reflection. Their names inscribed on these typical hard hats immediately suggest the notion of construction and at first sight provide a formal means to create a link with architecture."
With the Arab world undergoing a huge process of transition today, one in which the world is witnessing an incogitable series of revolutions, Fatmi says an even better time awaits the flourishing Middle Eastern contemporary art scene in such an atmosphere. "Artists from the Arab world were not waiting for a change politically or economically in order create their
work," says Fatmi, noting that the process had started long ago. "Artists have been working regardless of their situation. They will now perhaps be looked to more to add to the dialogue of what is happening politically and so forth. I think the bigger change or transition is that there is now a greater platform for artists in the Arab world to exhibit their work in the Arab world -- in Qatar or Dubai or Morocco, for example, not just in foreign countries, but now perhaps their own. That is the bigger change or transition for the artists themselves .
Hatice Ahsen Utku
Sunday's Zaman,Istanbul
28 February 2011
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