« À l’intérieur du cercle de feu » est une installation sculpturale composée de plusieurs machines à écrire obsolètes juchées sur un haut socle métallique. Les extrémités de câbles de démarrage rouges et noirs sont fixées à l’intérieur de chaque machine à écrire, du type de ceux que l’on utilise pour recharger la batterie d’une voiture, tandis que le reste des câbles se répand sur la table et au sol. Les câbles sont triés par couleur : sur un côté de la table, les câbles rouges, de l’autre, les noirs. Au bout de chacun des câbles, des feuilles de papier blanc, placées au sol en trois rangées bien ordonnées.
Au premier regard, « À l’intérieur du cercle de feu » ressemble à une espèce de machine médicale fantaisiste, ou alors à un vieux standard téléphonique ; les câbles connectés essaient de faire démarrer les machines pour qu’elles se mettent à taper une histoire ou transmettre des informations. L’installation est comme un palimpseste de notre époque contemporaine : le flux rythmique entre le papier et les câbles donne l’impression d’un échange de signaux, mais à chaque interruption, les informations sont effacées et le processus recommence. C’est une réflexion sur la tendance de l’histoire à se répéter. Les gens semblent oublier trop vite le passé et les mêmes erreurs sont répétées à nouveau. La montée récente du nationalisme en Europe, du Brexit au Royaume-Uni à la montée du Front National en France, en passant par les Pays-Bas, la Hongrie, et au niveau mondial, les Etats-Unis, la situation politique en Russie, en Turquie et ailleurs, tous réaffirment cette peur. Mais l’artiste veut que les câbles fassent symboliquement redémarrer les gens pour qu’ils sortent de leur état d’apathie, qu’ils tirent les leçons du passé et soient activement impliqués dans l’écriture d’une histoire nouvelle sur des feuilles vierges.
Fatmi s’intéresse à l’idée du mouvement, de l’effacement, de la répétition et à la tendance de l’histoire à se répéter. Son utilisation fréquente de technologies et objets obsolètes, comme les machines à écrire, les presses d’imprimerie, les cassettes VHS ou les câbles coaxiaux, s’explique en partie par son intérêt pour faire revivre ces outils de transmission de l’information, de technologie et du futur autrefois glorifiés, avant d’être abandonnés au profit de quelque chose de mieux. Mais il s’agit ici aussi de la double fonction que génère ce matériau, agissant à la fois en tant qu’œuvre d’art et archive. Il s’instaure une sorte de dialogue entre les deux parties, comme au sein de l’installation, dans laquelle l’œuvre d’art est l’information et l’information devient œuvre d’art. De cette façon, « À l’intérieur du cercle de feu » peut être vu à la fois comme un transmetteur et un récepteur d’informations et d’histoire. Les machines à écrire prêtes à être utilisées, les câbles prêts à être chargés. Il n’est jamais trop tard pour agir et tourner la page, c’est le cas de le dire, pour inventer une meilleure issue.
L’installation a été créée pour l’exposition du même nom, « À l’intérieur du cercle de feu », présentée à la galerie Lawrie Shabibi Gallery à Dubai en mars 2017.
Blaire Dessent, avril 2017.
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Inside the Fire Circle is a sculptural installation composed of several obsolete typewriters placed on top of a tall, metal plinth. Attached to the inside of each typewriter is one end of a pair of black and red jumper cables, those used to charge the battery of a car, while the rest of the cabling spills outwards, over the table and onto the floor. The cables have been split by color; On one side of the table are the red cables, and the other, the black. Clipped to the ends of each is a plain sheet of white paper, each piece resting on the floor to form three orderly rows.
At first glance Inside the Fire Circle has a slight resemblance to some crazy piece of medical equipment or perhaps a vintage telephone board; the connected cables trying to jump start the machine to begin typing to tell a story or relay information. The installation is like a palimpsest of the modern age; the rhythmic flow between the paper and the cables seem as if they are sending signals back and forth, but at each stop the information is erased and the process begins again. This is a reflection of the tendency of history to repeat itself. People too quickly seem to forget the past and we end up making the same mistakes as before. The recent rise in nationalism across Europe, from Brexit in the UK, the rise of the National Front in France, Holland, Hungary, and globally to the United States, and the state of affairs in Russia, Turkey and elsewhere, all reaffirm this fear. But the artist wants the cables to symbolically jump start people out of their apathy so they can learn from the past and be actively involved in writing a new and different story on the blank pages.
Fatmi is interested in the idea of movement, erasure, repetition, and the tendency of history to repeat itself. His ongoing use of obsolete machinery and parts, such as typewriters, printing presses, VHS cassettes and cable antenna, is partly about an interest in reviving these these once glorified transmitters of information, of technology and the future, following their abandonment for something better. But it is also about the double function that this material generates, as being both artwork and archive; There is a sort of dialogue between the two parts, as with the installation, in which the artwork is information and the information becomes an artwork. In this way, Inside the Fire Circle can be seen as being both a transmitter and receptor of information, of history. The typewriters ready to be used, the cables there for the charge. It’s never to late to take action and turn the page, as it were, to forge a better path.
The installation was made for an exhibition of the same name, Inside the Fire Circle, presented at Lawrie Shabibi Gallery in Dubai in March 2017.
Blaire Dessent, April 2017.
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