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Vidéo réalisée en 2010, « The Man of the book », propose l’animation d’une silhouette représentée par son réseau de circulation sanguine en rouge et le principal organe impliqué dans son fonctionnement, le cœur. Tête, bras, abdomen et jambes apparaissent progressivement, permettant d'identifier peu à peu une forme humaine. Au second plan, une composition graphique en blanc sur fond noir change continuellement. Celle-ci donne à voir des symboles issus de la calligraphie arabe et religieuse, mêlés à des motifs géométriques évoquant les plans de quelques machines. Son dessin s'arrête aux limites de l'enveloppe corporelle de la figure humaine, dont le contour apparaît par conséquent en mouvement.
Le titre de la vidéo renvoie à l'expression « les gens du livre », employée dans la religion musulmane pour désigner les croyants des principales religions monothéistes. La composition graphique obtenue à partir de l'intrication de symboles religieux et géométriques peut également évoquer la série de projections lumineuses et de vidéos « Technologia » ou « Les Temps modernes » qui abordent les thèmes des interactions culturelles et du rapport de l'individu à la technologie et la circulation des informations. La vidéo « The Man of the book » interroge pour sa part les rapports de l’homme au monde contemporain et aux grands systèmes de productions de significations tels que la religion, la machine, la société de consommation ou les médias. Elle questionne l'individualité et ce qui la constitue et explore les rapports entre le corps anatomique, individuel, et le corps social.
La vidéo observe ainsi la façon dont se dessine, se construit et se modifie l'individualité, et ce, à partir de l'interaction entre une structure biologique et une structure signifiante, culturelle, religieuse, ou plus généralement sociale. Les animations de ce réseau sanguin informent et donnent forme. Elle viennent tracer les contours d'une individualité mouvante. En blanc, se noue et se dénoue une espèce de tissu conjonctif, une matrice de support pour l'ensemble du corps représenté, un organe en mouvement aux propriétés contractiles, doué de sensibilité et sujet aux modifications. L'individualité se révèle comme une machinerie complexe et protéiforme, qui se fait le reflet de son environnement et en subit l’influence. Elle est le produit sans cesse changeant d'une construction sociale en cours et le résultat d'une intrication étroite de biologique et de culturel, où il est presque impossible de distinguer ce qui appartient à l'un ou à l'autre.
Rien de strictement "naturel" dans la constitution de ce corps dont les contours, difficiles à percevoir, changent sans cesse en fonction de leur environnement, évoluent avec le temps et l'histoire des sociétés. L'individu est essentiellement « homme du livre », autrement dit une construction culturelle. Un élément demeure fixe à l'écran, inchangé : le dessin du réseau sanguin. Il apparaît comme quelque chose qui ne peut être modifié, ou dont l'évolution se fait beaucoup plus lentement que celle des productions sociales. Le temps lent du corps est mis face au temps rapide des sociétés. Le corps s'est longtemps vu négligé par la philosophie ou par la religion, affirmant la supériorité de l'esprit sur le corps et la nécessité de son contrôle strict. La vidéo semble inverser ces rapports, avec l'apparition chronologiquement première du cœur à l'écran (envisageable dans ses dimensions anatomiques et symboliques), avec la représentation d'un réseau sanguin fixe, de couleur vive et d'un tissu conjonctif et culturel changeant comme une illusion d'optique. « The Man of the book » invite finalement à réévaluer la place de l'individu et du corps dans notre société contemporaine.
Studio fatmi, Octobre 2017.
vidéo distribuée par Heure exquise ! www.exquise.org
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A video created in 2010, « The Man of the Book » shows the animation of a silhouette represented by its bloodstream network in red and the main organ responsible for its functioning, the heart. Head, arms, abdomen and legs appear progressively, allowing the viewer to identify, little by little, a human form. In the background, a white on black graphic composition is constantly changing. It shows symbols taken from Arab and religious calligraphy, combined with geometric motifs that look like the plans of machines. This drawing stops at the borders of the corporeal envelope of the human figure, whose contour consequently appears to be in movement.
The title of the video refers to the expression « the People of the Book », used in Islam to designate believers belonging to the main monotheist religions. The graphic composition obtained by the intertwining of religious and geometric symbols also brings to mind the series of light projections and videos « Technologia » and « The Modern Times » that address the questions of cultural interactions, the relation of the individual to technology and the circulation of information. As for the video « The Man of the Book », it questions the relation of man to the contemporary world and the great systems of production of significations such as religion, the machine, the consumer society and the media. It questions individuality and what constitutes it, and explores the relations between the anatomical, individual body and the social body.
In this way, the video observes the way individuality is shaped, constructed and modified, by basing itself on the interaction between a biological structure and a signifying, cultural, religious and generally cultural structure. The animations in this bloodstream provide information and shape. They trace the contours of a moving individuality. In white, some soft of conjunctive tissue is weaved together and taken apart, a support matrix for the entire represented body, an organ in motion with contractile properties and sensitivity, subject to modifications. Individuality is shown here as complex and shifting machinery that reflects its environment and is subject to its influence. It is the constantly changing product of an on-going social construct and the result of a tight intertwining of the biological and the cultural, in which it is almost impossible to distinguish what belongs to one or the other.
There is nothing strictly « natural » in the constitution of this body whose outline is difficult to perceive and changes incessantly according to its environment, evolving with time and through the history of societies. The individual is essentially a « man of the book », in other words a cultural construct. One element remains motionless and unchanged on the screen: the drawing of the vein network. It appears as something that cannot be modified, whose evolution is much slower than that of social productions. The slow pace of the body is confronted with the fast pace of societies. The body was long neglected by philosophy and religion, which affirmed the superiority of the mind over the body and the necessity to control it strictly. The video seems to reverse this hierarchy, with the chronological appearance of the heart first (in both its anatomical and symbolic dimensions), the representation of a fixed vein network with bright colours and a conjunctive and cultural tissue that shifts like an optical illusion. Ultimately, « The Man of the Book » invites us to re-assess the place of the individual and of the body in our contemporary society.
Studio fatmi, Octobre 2017.
vidéo distributed by Heure exquise ! www.exquise.org |
