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14. | May God forgives me
 
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  • 2001-2004, France, 8 min 09, SD, 4/3, color, stereo.
    Courtesy of the artist and Jane Lombard Gallery, New York.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

Video

'' An insistent, troubling electronic squeal and metronomic tap

enhance the feeling of danger, and your body through your eyes like an infection. ''


Laura Marks, Millenium Film Journal, 2010





 




Cette vidéo est réalisée à partir d'images télévisuelles enregistrées entre 2001 et 2004. Une grande partie de ces images ont été collectées au cours d'une résidence où les participants étaient invités à enregistrer leur zapping télévisuel sur les chaînes du monde entier. Un hadith, propos rapporté du prophète Mahomet, concernant la femme, sert de fil conducteur : "Le premier regard porté sur la femme est pour vous, le deuxième est pour le diable, le troisième est un crime."
 
Ici, est mis en jeu ce troisième regard, celui, coupable et d’une certaine manière complice, du voyeur que chacun devient  en s’habituant à la surenchère de violence télévisuelle, oubliant les drames réels qu’elle exhibe. Fasciné par la beauté du désastre, le spectateur-voyeur y trouve l’écho du monstre qui en chacun de nous sommeille, l’expression de cette « banalité du mal », pour reprendre le paradoxe d’Hannah Arendt, qui, loin des fondements des idéologies et des convictions profondes et libres, pousse au crime des hommes aussi ordinaires que lui. Fascination et reconnaissance.

Les images samplées, arrachées à leurs contextes, s’interpénètrent, s’entrechoquent, se fagocytent. Kaléiodoscope de clichés du temps présent, elles offrent une vision endoscopique d’un monde en colère, une vision esthétique, et esthétisée, du pire.
Images érotiques, images d’armes et de guerre, de prophètes et de terroristes, images abstraites comme des tableaux en mouvement, images d’armes et de catastrophes, de fuites et de dédoublements, de bourreaux et de victimes…dans le rythme effréné de ce magma d’images aperçues à la télévision, tout semble se valoir, sans enjeu ni profondeur, et tout semble catastrophique, du dérisoire au plus violent. A cela mounir fatmi semble opposer une autre forme de relativisme, face aux religions, à la vérité, aux médias, à la portée de l’Histoire, au poids réel des destinées individuelles.

En même temps il se dégage de Dieu me pardonne une certaine spiritualité radicale, l’idée d’un monde en bouillonnement physique et métaphysique, à la limite de l’implosion, pris dans un tourbillon dialectique dans laquelle la violence et le désir, la bonne volonté et le mal radical, confondent et dissolvent toutes les structures du monde.
 

Marie Deparis, Paris 2007.


vidéo distribuée par Heure exquise !
www.exquise.org

 

 

This video is made up of television footage recorded between 2001 and 2004. A large part of the imagery was collected during a residence where participants were invited to record their channel-hopping of television stations from all over the world. A hadith – a narration brought from the prophet Muhammad - concerning women, provides the thread: “the first look at a woman is for you, the second is for the devil, the third is a crime”.

The third look is explored here – the guilty, and somehow complicit, look of the voyeur that we all become as we become accustomed to the escalation of television violence, forgetting the real dramas that are exposed. Fascinated by the beauty of disaster, the spectator-voyeur finds an echo here of the monster that sleeps in all of us. He finds the expression of this “banality of evil”, to take Hannah Arendt's paradox, which, far from founding ideologies and profound free convictions, pushes men towards crimes that are as
ordinary as they are.

The sampled images, torn from their context, clash, seep into and consume each other. Like a kaleidoscope of snap shots of the present, they offer an endoscopic vision of an angry world, an aesthetic and aestheticized vision of the worst. Erotic images, images of arms and war, prophets and terrorists, abstract images like moving paintings, images of guns and disasters, flights and divisions, executioners and victims... in the frenetic rhythm of this jumble of images captured on screen, everything seems to be the same, without issues or depth, and everything seems catastrophic, from the trivial to the most violent. Mounir fatmi seems to contrast another form of relativism to this, confronted with religions, truth, the media, the scope of History and the real
weight of individual destinies.

At the same time, a certain radical spirituality comes out of May God forgive me, the idea of a world in physical and metaphysical effervescence, on the edge of implosion, caught in a dialectical whirlwind in which violence and desire, good will and radical evil merge and dissolve all the structures of the world.




Marie DeparisParis 2007.

Translation: Caroline Rossiter.