02.
   
   
 


Installations
Videos
Photographs
Sculptures
Drawings
Collages
Paintings
Performances
Public spaces
Sounds
Games
Writings
Multiples
33. | The Beautiful Language
 
download PDF
  • 2010, France, 16 min 30, SD, 4/3, B&W, stereo.
    Courtesy of the artist and Analix Forever, Genova.
    2011, Prix de la Biennale du Caire, Cairo. 2020, Silver Plane Prize of Altai Biennale.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

Video

'' By introducing thought-provoking statements to these images, mounir fatmi brings the original story to bear on contemporary society, bringing into focus the thin line between brutality and civilisation. ''


Caroline Rossiter



The Beautiful Language (extract from)




 




This work was part of Altai Biennale -Caves, Catacombs, Ferroconcrete, Terekta, 2020.

This work was part of Port Izmir 2 Triennal - Silence_Storm, Izmir, 2010.

This work was part of 12th Cairo Biennial, Cairo, 2010.

This work was part of 10ème Biennale de Dakar - Rétrospective et perspectives, Dakar, 2010.

 

Silver Plane Prize of the Altai Biennale, 2020

Prize of the Cairo Biennial, 2011

 

The beautiful language est riche en textes et images, mais il est difficile à lire. La technique du cut-up, popularisée dans les textes de William Burroughs est appliquée ici aux images, avec des fragments d'échanges tendus apparaissant dans un mode non linéaire. Les images sont extraites de L'Enfant sauvage, film de François Truffaut de 1970, basé sur l'histoire vraie, de la fin du 18e siècle, d'un garçon "barbare" pris en charge par un médecin et étudié comme un spécimen de
la différence. Les images choisies pour The beautiful language montrent l'enfant en train d'être mesuré, enseigné et testé.

Le film s'ouvre avec des images de l'enfant négligé en train de se faire nettoyer le visage et couper les cheveux. L'image est dérangeante, l'enfant refuse de consentir à ce traitement - on le voit crier, même si le son est coupé et remplacé par une bande-son inquiétante.

Cette image troublante est suivie par la déclaration : «Ma langue est d'une hémorragie, je saigne chaque fois que je parle». Ces paroles violentes donnent le ton pour une vidéo qui provoque des questions sur la nature même du langage comme outil à la fois de communication et de répression.
Cela souligne également le rôle du langage dans la formation de la société et des peuples. La disjonction entre les déclarations en anglais, les mots arabes et les images des mots français dans la vidéo, met en évidence les ambiguïtés du langage et la place laissée à l'interprétation et à la
mauvaise communication. Les mots arabes placent aussi le spectateur occidental dans la position de l'étranger, du «sauvage».

Non seulement c'est une référence aux premières idées anthropologiques sur l'altérité et à la façon dont l' esprit «sauvage» comprend les mots et les représentations graphiques, c'est aussi une métaphore de l'intérêt de la France pour l'«autre» à l'époque Impériale. Les incessantes prises de notes du médecin constituent une tentative de contrôler et la violence implicite suggère la violence
des autorités imposées. Encore une fois le langage joue un rôle crucial en essayant d'unifier le médecin et son sujet, ou les colonisateurs et les colonisés.

Les images de Truffaut de l'intérieur bourgeois du médecin sont alternées dans un montage rapide mélangé à des ralentis et autres effets déstabilisants. Les épisodes les plus violents du film sont utilisés pour contraster les images de l'enfant dans une étendue sauvage et celles de l'enfant en
train de devenir «civilisé». Voir le jeune garçon nu dans la forêt à quatre pattes, comparé au fait d'être obligé de porter des chaussures dans un intérieur bourgeois, ou de se tortiller sur le sol dans une tentative pour échapper à cette éducation forcée, soulève des questions quant à l'endroit où la sauvagerie réelle réside : dans la nature ou dans l'environnement strict des normes de la société moderne?

En introduisant des déclarations qui provoquent la réflexion dans ces images, Mounir Fatmi fait peser l'histoire originale sur la société contemporaine, mettant en évidence la mince frontière entre la brutalité et la civilisation. La dernière partie de la vidéo est intitulée « La ligne droite » et montre le médecin traçant une ligne droite pour que l'enfant la copie. L'image de l'enfant essayant de copier la ligne droite est coupée avec une image de l'enfant gribouillant une grande spirale irrégulière. D'un côté il peut être considéré comme revenant à ses racines rudimentaire, de l'autre cette scène peut être vue comme représentant la façon contre nature dont les gens sont acheminés vers des lignes droites afin de se conformer aux attentes et aux exigences de la société.

«Le danger mortel pour toute civilisation n'est plus susceptible de venir de l'extérieur », exprime la vidéo. L'héritage des XVIIIe et XIXe siècles pour tenter de contrôler a conduit à une civilisation mondiale contemporaine en situation de stress extrême, dû au moins à «pour des millions de gens, des conditions forcées qui, malgré toute apparence, sont des conditions de sauvages". The beautiful language explore ainsi les premières réactions à la différence et leur relation à la société contemporaine, avec ses problèmes sous-jacents de racisme, de différence et de terrorisme.

 

Caroline Rossiter

Traduction française par Kathy Huddlestone


vidéo distribuée par Heure exquise ! www.exquise.org

 

The beautiful language is rich in text and images, but it is hard to read. The cut-up technique, popularised in William Burroughs' texts is applied here to the images, with fragments of fraught exchanges appearing in a non-linear fashion. The images are taken from L'enfant sauvage (“The Wild Child”), François Truffaut's 1970 film, based on the true story, from the end of the 18th century, of an “uncivilised” boy being taken in by a doctor and studied as a specimen of difference. The images chosen for The beautiful language show the child being measured, taught and tested.

The film opens with images of the unkempt child having his face cleaned and his hair cut. The image is uncomfortable, the child unwilling to consent to this treatment – we see him screaming, although the sound is silenced and replaced by an ominous soundtrack.

This disturbing image is followed by the statement: “My tongue is a haemorrhage, I bleed each time I speak”. These violent words set the tone for a video which provokes questions about the very nature of language as a tool for both communication and repression. It also highlights the role of language in shaping society and peoples. The disjunction between English statements, Arabic words and images of French words in the video highlight the ambiguities of language and the room left for interpretation and miscommunication. The arabic words also place the western viewer in the position of the outsider, the “savage”.

Not only is this a reference to early anthropological ideas about otherness and the way the “savage” mind understands words and graphic representations, it is also a metaphor for France's interest in the “other” during the Imperial era. The doctor's incessant note-taking represents attempts to control and the implicit violence suggests the violence of imposed authorities. Again language plays a crucial role in trying to unify doctor and subject, or colonisers and colonised.

Truffaut's images of the doctor's bourgeois interior are alternated in a rapid montage mixed with slow motion and other destabilising effects. The more violent episodes of the film are used to contrast images of the child in the wilderness and the child becoming “civilised”. Seeing the naked boy in the forest on all fours compared with being forced to wear shoes in a bourgeois interior, or writhing on the floor in an attempt to escape this forced education, raises questions as to where the real savagery lies: in the wild or in the stringent surroundings of modern societal norms?

By introducing thought-provoking statements to these images, mounir fatmi brings the original story to bear on contemporary society, bringing into focus the thin line between brutality and civilisation. The final part of the video is entitled “The straight line” and shows the doctor drawing a straight line for the child to copy. The image of the child trying to copy the straight line is cut with an image of the child scribbling a large, uneven spiral. On one hand he can be seen as reverting to his unsophisticated roots; on the other this scene can be seen to represent the unnatural way people are channelled into the strict lines to conform with society's expectations and demands.

“Deadly danger to any civilisation is no longer likely to come from without”, the video states. The eighteenth and nineteenth century legacy of attempting to control has led to a contemporary global civilisation under extreme stress, due not least to “forcing millions of people into conditions which, despite all appearances, are the conditions of savages”. The beautiful language thus explores early reactions to difference and their relationship to contemporary society, with its underlying problems of racism, difference and terrorism.












Caroline Rossiter