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32. | Save Manhattan
 
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  • 2008-2009, France, 8 min 37, SD, 4/3, B&W, stereo.
    Courtesy of the artist and Jane Lombard Gallery, New York.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

Video

'' The events of September 11, 2001 reinforce the urgency of his need to create, because to him, “the meaning of a work of art isn’t what matters the most,

but the connections it can have to the present, history, philosophy, sociology, religion, politics and the world.” ''


Thomas Flagel, Poly, 2009



Save Manhattan (extract from)




 




« Save Manhattan » est une vidéo en noir et blanc qui met en scène des images de la ville de New-York, apparaissant à l'écran comme si elles étaient projetées par un appareil optique rudimentaire. La vidéo offre des visions des nombreux buildings et gratte-ciels urbains, dont les tours jumelles du World Trade Center, la statue de la liberté, ses ponts (de Brooklyn ou de Manhattan), mais également les moyens de transports maritimes et aériens qui permettent d'accéder à l'île de Manhattan. La bande sonore qui accompagne le film se compose de voix, de dialogues en anglais, des bruits de la ville avec ses chantiers et ses différents moyens de transport : métro, tramway, voitures, bus ou avions. Né en 2008, le projet artistique de la vidéo s'origine de l’acquisition par mounir fatmi d’une lampe abat-jour dont le réflecteur supporte une représentation de la ville de New York. Ce luminaire, lui apparaît alors à la fois comme un objet d'archive et comme une lanterne magique proustienne : un élément déclencheur qui vient réactiver une mémoire collective vivante et en sommeil.

L'œuvre revient sur les attentats du 11 septembre 2001 et l'effondrement des tours jumelles et constitue une réflexion sur New-York en tant que référence architecturale, ainsi qu'une exploration des imaginaires collectifs. « Save Manhattan » s'interroge sur ce qui en constitue les éléments fondamentaux en explorant le passé de la ville et son devenir. De manière plus générale encore, l'œuvre s'inscrit dans une étude sur l'architecture, la perception et la mémoire qui revêt différents aspects dans l'œuvre de mounir fatmi, et qui s'illustre au travers d'installations et de vidéos employant notamment les cassettes VHS, les haut-parleurs et les livres comme matériaux.

La vidéo donne à voir des éléments architecturaux aisément identifiables et entraîne chez le spectateur une reconnaissance presque immédiate du décor, ainsi qu'un sentiment de familiarité. Le rôle de référence culturelle de New York au sein des imaginaires collectifs se voit de cette manière mis en évidence. Et cependant, les images soulèvent une inquiétude et un sentiment d'étrangeté face à un décor modifié et recomposé qui vient perturber la reconnaissance visuelle. Elles réactivent également le souvenir et la crainte d'un attentat terroriste. La mise en scène exprime ainsi le danger que ces images de la ville se transforment en documents d'archives, appartenant à un passé lointain et révolu, ou à une mémoire traumatique. La mémoire et la cognition se trouvent en effet frappées d'un phénomène particulier : les avions de ligne associés à la ville de New York sont désormais forcément connotés et perçus non comme de simples moyens de transport et de communication, mais comme des instruments potentiellement destinés à commettre un attentat.

« Save Manhattan » constitue finalement un appel au secours et une injonction collective à la résistance. L'œuvre en appelle au geste qui sauve, à savoir le montage poétique, l'établissement de relations, de liens, de ponts entre les peuples et les cultures. La recomposition du paysage urbain, le réagencement des éléments architecturaux, des événements sont comme un prélude au sauvetage de ce qui constitue à la fois le cœur de la ville et des imaginaires. L'œuvre appelle à une (re)poétisation du monde et à l'avènement heureux de l'inattendu, comme avec l'apparition de ces montgolfières dans le ciel de la ville, contre le surgissement de la violence. Au traumatisme mémoriel, « Save Manhattan » oppose les pouvoirs de la poésie et de l'imaginaire.


Studio Fatmi, Octobre 2017.


vidéo distribuée par Heure exquise ! www.exquise.org

 

 

  « Save Manhattan » is a black & white video showing images of New York City appearing on the screen as if projected by a rudimentary optical device. The video shows its numerous building and skyscrapers, including the twin towers of the World Trade Center, the Statue of Liberty, its bridges (the Brooklyn and Manhattan bridges), as well as naval and aerial means of transportation that enable access to the island of Manhattan. The soundtrack accompanying the film is made up of voices, dialogues in English and city sounds of construction and transportation: subways, streetcar, cars, buses and planes. Initiated in 2008, the artistic project around the video began when mounir fatmi acquired a lamp with a shade whose reflector showed a representation of New York. He started seeing that lamp as an archive object and as a Proustian magic lantern: a triggering element that can revive a dormant collective memory.



The work returns to the attacks of September 11, 2001 and the collapse of the twin towers, and consists in a reflection upon the city of New York as a cultural reference, and therefore in an exploration of our collective imagination. Save Manhattan poses the question of what constitutes its fundamental elements by exploring the city’s past and future. In a broader sense, Save Manhattan is also about perception and memory. Work on the city of New York takes on different aspects in Mounir Fatmi’s production and can be seen in installations and videos showing the city resorting to VHS tapes, loudspeakers and books as materials.

The video shows architectural elements that are easily identifiable. They trigger an almost immediate response of recognition of the landscape by the viewer and a feeling of familiarity. The images thus highlight the fact that New York imposes itself in our collective imagination as a cultural reference. Yet they also provoke anxiety and a feeling of strangeness when faced with a landscape that has been modified and recomposed, challenging our visual recognition. They also revive the memory and the fear of a terrorist attack. In this way, they convey the threat that these images of the city could be transformed into archive images belonging to a distant past or to a traumatic memory. Memory and cognition are affected by a particular phenomenon: airplanes associated with New York City are now necessarily connoted and seen not as a simple means of transportation and communication but as instruments potentially destined to commit a terrorist attack.

Ultimately, Save Manhattan is an S.O.S. and a collective injunction to resistance. The work calls upon the gestures that can save us: poetic montage, establishing relations, links and bridges between peoples and cultures. The recomposing of the urban landscape, the rearrangement of architectural elements and events are like a prelude to the salvage of what constitutes the heart of both the city and our imaginations. The work calls upon a (re)poetization of the world and the joyful advent of the unexpected, as is the case with these hot air balloons that appear in the city sky, against the sudden surge of violence. To memorial trauma, Save Manhattan opposes the power of poetry and imagination.













Studio Fatmi, October 2017.




Video distributed by Heure exquise ! 
www.exquise.org