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20. From where comes the wind ?
 
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  • 2002-2016, installation, Centre Culturel le Chaplin, Mantes-la-Jolie

  • 2002-2016, installation, Centre Culturel le Chaplin, Mantes-la-Jolie

The question with a poetic tone “From where comes the wind?” is addressed directly to the audience.

The project is an invitation to think and share knowledge. “What do we know about one another exactly?”


Studio Fatmi, 2019

« D'où vient le vent ? » est un projet évolutif et itinérant initié en 2002 qui aborde les thèmes des migrations et de l'exil et interroge tous les types de déplacements des origines de l'humanité à nos jours : transports commerciaux et touristiques, expatriation de travailleurs, mouvements de réfugiés politiques provoqués par les guerres… Se considérant lui-même comme un travailleur immigré, mounir fatmi s'attache depuis ses débuts et à travers de nombreuses œuvres à penser l'exil et ses différentes facettes : séparation, rencontres, différences culturelles, altérité, frontières ou encore poids de l'identité.

Le projet; commencé à en 2002 lors d’une residence au centre culturel Le Chapelain à Mantes-la-jolie, se compose de plusieurs projections de vidéos, regroupant des images d’embarcations maritimes ainsi que des images filmées par l’artiste au fil de ses voyages. S’y additionne au sol une polychromie d'habits et d’objets usés et des chambres à air noires, pour certaines gonflées. La question aux accents poétiques « D'où vient le vent ? » est adressée directement au public. Le projet se propose comme une invitation à la réflexion et au partage de connaissances. « Que savons-nous au juste de l’autre?». La question posée au départ peut sembler naïve. Sa réponse est en revanche d'une assez grande complexité, rarement maîtrisée par le public adulte pourtant tout-à-fait familier de ces phénomènes de migrations plus que courants.

L'interrogation formulée dès le titre du projet se transporte d'un pays à l'autre et s'inscrit dans une démarche artistique du déplacement permanent. Malgré son apparence poétique et philosophique, elle a pout but de remettre en question les idées préconçues au sujet de la façon dont circulent les marchandises et les personnes à travers le monde et signale avec insistance un défaut de connaissances du public. Elle en deviendrait presque gênante finalement, par le risque qu'elle entraîne de révéler l'ignorance de celui à qui elle est adressée - son ignorance, ou pire : son indifférence. Car la véritable question posée ici, est de l’ordre de la condition humaine.

Associée aux images de bateaux où des personnes s'entassent par dizaines, risquant à tout moment de faire naufrage, à des bouées de sauvetages rudimentaires et des habits dont les porteurs semblent avoir disparu, la question résonne tout autrement et le contraste est violent entre l'innocence du ton employé et la nature de la tragédie en cours sur les mers et océans du monde entier. Là où les véritables questions surgissent alors : « Pourquoi des gens quittent-ils chaque jour leur pays d'origine au peril de leurs vies? », « Pourquoi sont-ils prêts à prendre tant de risques ?", « Que deviennent-ils une fois arrivés à destination ? », « Pourquoi les marchandises circulent-elles librement alors que les individus en sont empêchés ? ».

Le choix du questionnement opéré avec le projet constitue un appel à la réflexion et au partage et une invitation à réinventer le déplacement et d'aller à la rencontre de l'autre. Métaphore et métonymie sont les armes artistiques dont ce projet s'empare pour faire face à l'indifférence et au réalisme quelque peu anesthésiant des traitements médiatiques. Le projet promène une question poétique, philosophique et humaine, d'une grande charge émotionnelle.

Montré pour la premiere fois à la Biennale Agora d'Architecture de Rabat au Maroc (2018), à l’exposition collective « Diaspora Now » au Gifu Museum au Japon (2017), pendant l’exposition collective « Silent Narratives » au Museum of Contemporary Art à Yinchuan en Chine (2019) et notamment à l’exposition collective « Venez comme vous êtes » au Centre d'art contemporain de la Maison Populaire à Montreuil en France (2019).

 

Studio Fatmi, Aout 2019.

 

 

“From where comes the wind?” is an evolving and itinerant project initiated in 2002 addressing the subject of migrations and exile and questioning all types of displacement, from the origins of humanity to the present day: commercial and touristic transport, worker expatriation, political refugee movements caused by war… Considering himself an immigrant worker, mounir fatmi has been devoting himself, since the beginning of this career and through many works, to a reflection upon exile and its various aspects: separation, encounters, cultural differences, alterity, borders and the burden of identity.

The project, initiated in 2002 during a residency at Le Chapelain cultural center in Mantes-la-Jolie, a suburb of Paris, comprises several video projections gathering images of precarious boats as well as images filmed by the artist over the course of his travels. They are complemented with a polychrome of clothes and used objects, as well as black inner tubes, some of which have been blown up. The question with a poetic tone “From where comes the wind?” is addressed directly to the audience. The project is an invitation to think and share knowledge. “What do we know about one another exactly?” The initial question can seem naïve. Its answer however is quite complex, rarely mastered even by an adult audience, in spite of the fact these common migration phenomena are perfectly familiar to them.

The interrogation formulated in the project’s title moves from one country to another and is part of an artistic approach based on constant displacement. Despite its poetic and philosophical appearance, it aims to question preconceived notions about the way merchandise and people circulate around the world, and underlines a lack of knowledge on the part of the audience. It gets almost embarrassing, as it risks revealing the ignorance of those it is addressed to – their ignorance, or worse: their indifference. The real question asked here concerns the human condition.

When combined with the images of boats where dozens of people are piled up, risking to capsize at any moment, with rudimentary lifebelts and clothes whose owners seem to have disappeared, the question takes on a whole new meaning and the contrast is stark between the innocence of the tone employed and the nature of the tragedy currently happening on the world’s seas and oceans. This is where the real questions emerge: “why do people leave their country every day, putting their lives in peril?” “Why are they willing to take such risks?” “What happens to them once they arrive?” “Why do goods travel freely when people can’t?”

The choice of the questioning conducted by the project consists in a call for reflection and sharing and an invitation to reinvent displacement and to go towards the other. Metaphors and metonymies are the artistic weapons this project uses to counter the indifference and somewhat numbing realism of media coverage. The project carries with it a poetic, philosophic and human question with a strong emotional charge.

Shown for the first time at the Agora Biennale of Architecture in Rabat, Morocco (2018), in the collective exhibit “Dispora Now” at the Gifu Museum in Japan (2017), during the collective exhibit “Silent Narratives” at the Museum of Contemporary Art in Yinchuan, China (2019) and in the collective exhibit “Venez comes vous êtes” at the Centre d'art contemporain de la Maison Populaire in Montreuil, France (2019).

 

 

 

 

Studio Fatmi, August 2019.