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"Pour sa quatrième exposition personnelle à la galerie Analix Forever à Genève, mounir fatmi explore cette fois-ci la question de l’illusion.
En février 2015, fatmi, dans « Permanent Exiles », présente au MAMCO (Genève) une oeuvre intitulée Constructing Illusion (2015) : une sculpture en acier, avec un système de miroirs tels qu’utilisés par les médecins-chercheurs qui s’intéressent à l’analyse et au traitement des « membres fantômes ». Ce phénomène se réfère à la sensation persistante de la présence d’un membre après que celui-ci ait été amputé : le cerveau « se souvient » et recrée le membre inexistant. Les visiteurs de l’exposition peuvent tester leurs propres perceptions en introduisant l’un de leurs bras dans la sculpture-miroir de fatmi.
Le nom de cette pièce devient alors le titre de l’exposition d’Analix Forever : « Constructing Illusion ». fatmi élargit le concept du cerveau comme fabrique à illusion physique, à celui de fabrique à illusions multiples, en particulier religieuses, et explore ces illusions avec une rigueur esthétique absolue.
L’expérience du membre perdu, du membre fantôme puis du membre reconstitué, multiplié par le miroir, est traitée par des photographies d’une grande élégance, tout à la fois concrètes et allusives. L’illusion devient réalité.
Autre émotion fondatrice du travail de mounir fatmi : celle du lien. Le lien, souvent représenté par des câbles. Des câbles qui devraient nous permettre de communiquer mais qui, dans les œuvres de fatmi, se retrouvent le plus souvent, tels le « cordon ombilical culturel », morcelés. Il s’agira alors de recréer ces liens, un processus auquel fatmi travaille constamment, non sans nous mettre en garde : ce qui se prétend lien, quand il n’est pas amour, peut devenir corde, et peut enfermer, séparer, emmurer, menacer, exclure. « Qui a besoin d’un dieu triangle ? » nous demande ainsi fatmi avec deux tableaux–bas reliefs.
Deux vidéos complètent l’exposition : Le Silence de Saint Pierre Martyr (2011) et Architecture Now (2010). La première nous ouvre un piège béant, car la beauté des images de fatmi fascine. Mais elles sont elles aussi illusion, alors que la critique de l’idée que la foi justifie la torture des non-croyants se perçoit et surtout s’entend aussi, quand bien même le Saint nous enjoint le silence. Une vidéo à retrouver aussi dans VIDEO FOREVER le 22 avril à Paris, au Musée de la Chasse et de la Nature. La seconde, Architecture Now, nous montre la destruction systématique d’immeubles désaimés et nous laisse pantois devant la fantasmagorie de membres-fantômes architecturaux qui paraissent désormais, eux aussi, des illusions du passé.
Barbara Polla, Avril 2015
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"For his fourth solo exhibition at the Analix Forever gallery in Geneva, Mounir Fatmi explores this time the question of illusion.
In February 2015, fatmi, in Permanent Exiles, presented at MAMCO (Geneva) a work entitled Constructing Illusion (2015): a steel sculpture with a system of mirrors such as those used by medical researchers interested in the analysis and treatment of the "phantom limb". This phenomenon refers to the persistent sensation of the presence of a limb after it has been amputated: the brain "remembers" and recreates the non-existent limb. Visitors to the exhibition can test their own perceptions by inserting one of their arms into the mirror sculpture.
The name of this sculpture then became the title of the Analix Forever exhibition: Constructing Illusion. Fatmi expands the concept of the brain as a factory for physical illusions to that of a factory for multiple illusions, in particular religious ones, and explores these illusions with absolute aesthetic rigor.
The experience of the lost limb, the phantom limb and then the reconstituted limb, multiplied by the mirror and by elegant photographs, both concrete and allusive. The illusion becomes reality.
Another fundamental emotion in mounir fatmi’s work: that of the link. The link, often represented by cables. Cables that should allow us to communicate but that are, in Fatmi's works, most often found, such as the “cultural umbilical cord”, fragmented. The question then is that of recreating these links, a process on which Fatmi is constantly working, not without warning us: what claims to be a link, when it is not love, can become a cord, and can enclose, separate, threaten, exclude. Who needs a God Triangle? fatmi asks us with two bas-relief paintings.
Two videos complete the exhibition: The Silence of Saint Peter Martyr (2011) and Architecture Now (2010). The first creates a trap for the viewer, because the beauty of Fatmi's images fascinates. But they are also illusions, while the criticism of the idea that faith justifies the torture of non-believers is also perceived and above all heard, even though the Saint orders us to remain silent. The second, Architecture Now, shows the systematic destruction of unwelcome buildings and leaves us stunned by the phantasmagoria of architectural phantom limbs that resemble now, too, illusions from the past."
Barbara Polla, April 2015
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