02.
   
   
 


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03. | The Pretext
 
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  • The Pretext, mounir fatmi, SF Publishing, Paris, 2017

  • The Pretext, mounir fatmi, SF Publishing, Paris, 2017

'' I’m going to try to be very careful in my thoughts and judgments. Information moves very fast. ''


mounir fatmi, 2017





 




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Mon père a perdu toutes ces dents, maintenant je peux le mordre.

Je vais essayer d’être très prudent dans mes réflexions et mes jugements. Les informations vont très vite.

On est en train de vivre une vitesse jamais égalée. Deux révolutions dans deux pays arabes où tout était figé dans le temps depuis plus de 35 ans. C’est comme si dieu, s’il existe, avait fait un arrêt sur image dans cette région du monde et avait oublié d’appuyer sur Play. Tant que le pétrole coulait à flot et qu’une pseudo stabilité politico-religieuse était installée, personne n’a vu ou voulu voir le malaise des sociétés arabes. C’est fou de se rendre compte tout à coup que, dans ces pays, il y a une population souvent très jeune, assoiffée de liberté, de démocratie et de justice. Finalement dieu vient de se rendre compte que la touche « pause sur image » du magnétoscope est toujours enfoncée. Panique. Je pense que suite à son erreur, il a appuyé sur le bouton « accélérer ». Les évènements se sont alors succédés tellement vite que les média sont commencé à parler du printemps arabe avant même l’arrivée du printemps.

Cela m’oblige à parler de l’image dans le monde arabe, en sautant toute une période postcoloniale de création d’hôpitaux de lavage de cerveaux - je veux dire des télévisions d’Etat - et à commencer directement par la création en 1996 de la chaîne Al Jazeera au Qatar. Histoire. Une année avant, le fils Hamad ibn Khalifa Al Thani alors ministre de la défense destitue dans un coup d’état son père se trouvant alors en Suisse et prend le pouvoir. Je pense qu’on peut considérer cette date comme le début d’une nouvelle image du monde arabe. Une rupture avec le père et le lancement d’une chaîne de télévision. Soyons d’accord, je ne suis pas là en train de faire l’apologie de la chaîne Aljazeera, qui peut être critiquée sur plusieurs points. Mais, la révolte du printemps arabe aurait pris beaucoup plus de temps sans l’efficacité des réseaux sociaux et sans la diffusion d’Aljazeera auprès de plus de 40 millions de téléspectateurs dans le monde.

 

 

 

 

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My father has lost his teeth, now I can bite him. 

I’m going to try to be very careful in my thoughts and judgments. Information moves very fast.

We are living at unequaled speed. Two revolutions in two Arab nations in less than two months, where before everything had been frozen in time for more than 35 years. It’s as if God, if He exists, hit pause on an image in that part of the world and forgot to press play. As long as oil flowed at a steady stream and a pseudo politico-religious stability was in place, no one could see or wanted to see the malaise of Arab societies. It’s crazy to realize, all of a sudden, that these countries have populations, often very young, that are starved for freedom, democracy and justice. God has finally realized the VCR was stuck on pause in these countries. Panicked for a few moments, I think He didn’t realize what he was doing and hit fast forward. Events followed each other so fast that the media started talking about Arab Spring, even before spring had even arrived.

And so here I am obliged to talk about image in the Arab world by jumping a whole period of postcolonial institutions created to brain-wash—by which I mean state television—and to begin directly with the founding of Al Jazeera’s in 1996 in Qatar. A year prior, Hamad ibn Khalifa AL Thani, then minister of defense, deposed his father in a coup d’etat and took power while the elder was abroad in Switzerland. I think we can consider the date as the beginning of the new image of the Arab world—a rupture with the father, the launch of a television channel. Let’s be clear, I’m not making apologies for Al Jazeera, which bears criticism for a variety of things. The rebellions of the Arab Spring would have taken much longer without the efficacy of social networks, but also without Al Jazeera’s diffuse broadcast to more than 40 million spectators worldwide.