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"Cette publication a été réalisée à l’occasion de l’exposition, 100 mètres à vol d’oiseau de l’artiste mounir fatmi, à L’appartement 22, Rabat, du 17 novembre 2023 au 19 janvier 2024.
mounir fatmi est l’un des artistes les plus influents de sa génération, il développe un langage poignant et transmédias depuis le milieu des années 1990s. Dès les années 2000 son œuvre devient incontournable et planétaire, notamment avec le potentiel critique de ses installations dans la décennie qui précèdent les Printemps Arabes. L’artiste navigue les conventions sociales et les limites institutionnelles tout en créant des œuvres-slogans à forte portée critique provoquant des débats sur l’histoire, la mémoire et le trauma collectifs, les disciplines et les idéologies. Il est ainsi un des artistes fondateurs du mouvement planétaire dits de la Génération 00. La pratique artistique de mounir fatmi, aussi bien dans des installations complexes et des films d’animation, que dans le travail sculptural et photographique, démontre la capacité de l’art à naviguer les systèmes et parler aux gens (people) au-delà des genres et des frontières.
L’exposition 100 mètres à vol d’oiseau de mounir fatmi se construit dans la relation de l’artiste à l’emplacement du lieu d’art, face au Parlement du Maroc. Selon l’artiste le titre 100 mètres à vol d'oiseau évoque une vue aérienne comme une sculpture contemplée depuis la perspective d'un oiseau en plein vol, sur cette distance relativement proche mais symboliquement lointaine. Sur cette avenue centrale de la ville, aux façades art déco des bâtiments construits à l'époque coloniale -le bâtiment dans lequel se trouve L’appartement 22 est construit à la fin des années 1920s-, avec des allées de palmiers et bordées des principaux symboles de pouvoir: La Poste (pouvoir médiatique), Bank Al-Maghrib (pouvoir financier), la mosquée (pouvoir religieux), en plus de la Gare ferroviaires et du Palais Royal tout en haut de l’avenue.
En effet, 100m est la distance séparant le lieu d’exposition, L’appartement 22, et le Parlement du Maroc, sur l’avenue centrale de Rabat. C’est sur cette avenue que se rassemblent les citoyens pour manifester leurs revendications communautaires - femmes -, sociales -diplômés chômeurs, mouvement du 20 février, MALI (Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles)- et positionnement politique -contre la guerre-, par exemple. Cet espace public est aussi celui où l'artiste avait pris part à plusieurs actions alors qu’il était basé à Rabat, à la fin des années 1990. L’exposition 100 mètres à vol d’oiseau est le résultat d’un dialogue que l’artiste Mounir a engagé avec L’appartement 22 depuis la création du lieu, et d’une conscience aiguë de la situation critique du monde et de ses multiples crises (politique, sociale et culturel), dans lesquelles les médias jouent un rôle central.
L’exposition 100 mètres à vol d’oiseau est une expérience artistique engageante qui invite le public à repenser sa vision du pouvoir, de l'espace et de la créativité, elle nous rappelle aussi que les propositions politiques et artistiques sont toutes deux des moyens d'explorer, de questionner et de transformer notre réalité. À travers une variété de médiums, incluant la vidéo, la sculpture, la photographie, et le dessin, l'artiste essaie encore une fois de déconstruire les barrières traditionnelles entre l'art et la politique.
Dès l'entrée de l'exposition, vous serez immédiatement captivé par les dessins du projet intitulé 100 mètres à vol d’oiseau. Ces dessins donnent un avant-goût de ce que vous allez découvrir, en plaçant le spectateur au cœur de l'événement. Ils vous ramènent instantanément à l'espace de l'exposition, où vous trouverez la série intitulée La géographie dynamique de l’histoire. Cette série présente une disposition minimaliste de carrés noirs et blancs qui rappelle l'interface d'un jeu vidéo. L'œuvre explore les liens entre les mouvements politiques et artistiques en cartographiant un territoire symbolique représentant le déroulement de l'histoire. Bien que les associations entre les mouvements artistiques et les idéologies politiques suggèrent une opposition dynamique, la présence du verbe "être" au milieu des carrés suggèrent une équivalence totale entre ces termes opposés. Cette œuvre nous invite à envisager l'histoire comme une question d'espaces et de relations plutôt que comme un continuum chronologique.
Sur le mur de face, vous découvrez l’installation L’histoire n’est pas à moi, qui emploie la vidéo et divers éléments, dont une machine à écrire en arabe, une pile de papier blanc, et des marteaux, pour explorer le concept de la narration historique. Dans la vidéo, un homme utilise les marteaux pour frapper la machine à écrire, produisant un son qui évoque la progression du temps et l'évasion inexorable de l'histoire. Cette installation incite le spectateur à s'identifier à son rôle en tant que témoin et complice du processus d’écriture de l'histoire, tout en encourageant une réflexion sur la position à adopter face à cette narration historique.
Pour conclure, sur le mur parallèle de l'espace se trouve la sculpture 100 mètres à vol d'oiseau. Cette œuvre se compose d'un câble d'antenne coaxial suspendu au mur, laissant tomber vers le sol un réseau dense qui s'étend sur une distance de 100 mètres. Ce câble, généralement employé pour la transmission de signaux vidéo et audio dans les systèmes de télévision et de communication, est ici détourné de sa fonction originelle pour créer une structure sculpturale imposante. Le titre de l'œuvre, 100 mètres à vol d'oiseau, évoque une vue aérienne, comme si nous contemplions la sculpture depuis la perspective d'un oiseau en plein vol. Cette perspective met en lumière la complexité géométrique de la structure et sa nature interconnectée, créant ainsi un contraste frappant entre la forme minimaliste et ordonnée d'une part, et le désordre des câbles enchevêtrés d'autre part. La sculpture suscite également des réflexions plus larges sur la manière dont la technologie influence notre perception du monde en instaurant des réseaux de communication complexes, susceptibles de nous rapprocher ou de nous éloigner les uns des autres.
Dans l'exposition 100 mètres à vol d'oiseau, mounir fatmi met en lumière une fois de plus sa remarquable aptitude à explorer les questions politiques, philosophiques et technologiques qui ont toujours été présentes dans son travail. Avec une touche poétique et parfois un humour subtil, il déconstruit ces thèmes complexes pour ensuite les réassembler sous une forme artistique novatrice. En naviguant dans les espaces intermédiaires de la pensée contemporaine, mounir fatmi nous convie à une expérience visuelle captivante, incitant à une profonde réflexion sur le monde qui nous entoure. Son exposition se présente comme une invitation à transcender les limites de la pensée traditionnelle et de l'expression artistique."
L'appartement 22, Novembre 2023
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"This publication was made on the occasion of the exhibition 100 mètres à vol d’oiseau, by the artist mounir fatmi, at L'appartament 22, Rabat, from November 17th, 2023 to January 19th, 2024.
mounir fatmi is one of the most influential artists of his generation; he has been developing a poignant and transmedia language since the mid-1990s. From the 2000s onwards, his work has become essential and global, especially considering the critical potential of his installations in the decade preceding the Arab Spring. Navigating social conventions and institutional boundaries, fatmi creates slogan-like works with strong critical impact, sparking debates on history, collective memory and trauma, disciplines, and ideologies. He is one of the founding artists of the global movement known as Generation 00. Mounir Fatmi's artistic practice, whether in complex installations, animated films, or sculptural and photographic work, demonstrates art's ability to navigate systems and speak to people beyond genders and borders.
The exhibition 100 mètres à vol d’oiseau by mounir fatmi is built upon the artist's relationship with the location of the art space, facing the Parliament of Morocco. According to the artist, the title "100 Meters as the Crow Flies" evokes an aerial view, as if contemplating a sculpture from the perspective of a bird in flight, at a relatively close but symbolically distant distance. Located on the central avenue of the city, with Art Deco facades of buildings constructed during the colonial era—the building housing L'appartement 22 was built in the late 1920s—lined with palm tree alleys and bordered by symbols of power: The Post (media power), Bank Al-Maghrib (financial power), the mosque (religious power), in addition to the railway station and the Royal Palace at the top of the avenue.
Indeed, 100 meters is the distance separating the exhibition space, L'appartement 22, and the Parliament of Morocco on Rabat's central avenue. This avenue is where citizens gather to express their communal—women—social—unemployed graduates, the February 20th Movement, MALI (Alternative Movement for Individual Liberties)—and political—anti-war—claims. This public space is also where the artist participated in several actions while based in Rabat in the late 1990s. The exhibition 100 mètres à vol d’oiseauis the result of a dialogue that the artist Mounir initiated with L'appartement 22 since its creation, and it reflects a keen awareness of the world's critical situation and its multiple crises (political, social, and cultural), in which the media plays a central role.
The exhibition 100 mètres à vol d’oiseau is an engaging artistic experience that invites the audience to rethink their perception of power, space, and creativity. It also reminds us that political and artistic proposals are both means of exploring, questioning, and transforming our reality. Through various mediums, including video, sculpture, photography, and drawing, the artist once again attempts to break down the traditional barriers between art and politics.
Upon entering the exhibition, you will be immediately captivated by the drawings from the project titled 100 mètres à vol d’oiseau. These drawings provide a glimpse of what you are about to discover, placing the viewer at the heart of the event. They instantly transport you to the exhibition space, where you will find the series titled "The Dynamic Geography of History." This series presents a minimalist arrangement of black and white squares reminiscent of a video game interface. The work explores the connections between political and artistic movements by mapping a symbolic territory representing the course of history. Although the associations between artistic movements and political ideologies suggest a dynamic opposition, the presence of the verb "to be" in the middle of the squares implies a total equivalence between these opposing terms. This work invites us to consider history as a question of spaces and relationships rather than a chronological continuum.
On the facing wall, you discover the installation "History Is Not Mine," which employs video and various elements, including an Arabic typewriter, a stack of white paper, and hammers, to explore the concept of historical narration. In the video, a man uses hammers to strike the typewriter, producing a sound that evokes the passage of time and the inexorable escape of history. This installation encourages the viewer to identify with their role as a witness and accomplice in the process of writing history, while prompting reflection on the position to adopt in the face of this historical narration.
In conclusion, on the parallel wall of the space is the sculpture 100 mètres à vol d’oiseau. This work consists of a suspended coaxial antenna cable on the wall, dropping to the ground a dense network that extends over a distance of 100 meters. This cable, typically used for transmitting video and audio signals in television and communication systems, is here diverted from its original function to create an imposing sculptural structure. The title of the work, 100 mètres à vol d’oiseau, evokes an aerial view, as if we were contemplating the sculpture from the perspective of a bird in flight. This perspective highlights the geometric complexity of the structure and its interconnected nature, creating a striking contrast between the minimalist and ordered form on one hand, and the chaos of tangled cables on the other. The sculpture also prompts broader reflections on how technology influences our perception of the world by establishing complex communication networks that can bring us closer or push us further apart.
In the exhibition 100 mètres à vol d’oiseau, mounir fatmi once again highlights his remarkable ability to explore political, philosophical, and technological issues that have always been present in his work. With a poetic touch and sometimes subtle humor, he deconstructs these complex themes to then reassemble them in an innovative artistic form. Navigating the intermediate spaces of contemporary thought, mounir fatmi invites us to a captivating visual experience, urging deep reflection on the world around us. His exhibition serves as an invitation to transcend the limits of traditional thinking and artistic expression.
L'appartement 22, November 2023
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