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08. | The Process
 
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  • The Process, mounir fatmi, SF Publishing, Paris, 2019

'' « No matter where and when we start: we are already in the middle of things. » ''


Ludwik Fleck





 




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« Peu importe où et quand nous commençons : nous sommes déjà au milieu des choses. » Ludwik Fleck

L’exposition « The Process » peut être vue comme un livre que nous pouvons commencer à lire en plein milieu. C’est un enchainement de pensées, de phénomènes, une suite élaborée d’opérations pour aboutir à un résultat qui n’est finalement que le prolongement de l’artiste lui-même en tant que Medium. Influencé par l’idée de médias morts et de l’effondrement de la civilisation industrielle et consumériste, mounir fatmi développe une réflexion sur le statut de l’œuvre d’art entre Archive et Archéologie ainsi qu’une pensée sur l’histoire des technologies et leurs influences dans la culture populaire. Depuis le début de sa recherche artistique, il s’est intéressé à la question du Medium en utilisant dans ses œuvres des matériaux tels que les anciennes machines à écrire, les câbles d’antenne, les photocopieurs ou les cassettes VHS. Il interroge ainsi les limites de la mémoire, du langage et de la communication, tout en réfléchissant sur les matériaux en cours d’obsolescence et à leurs avenirs incertains.

Le travail de mounir fatmi se développe selon un système de valeurs rhizomatique, fonctionnant comme un réseau de connexions en perpétuel développement. Ses installations génèrent souvent des zones de turbulences et créent des interprétations sémantiques en reliant le domaine de la pensée à l’acte de création. Elles posent la question du Medium comme un intermédiaire par lequel est transmis une information, mais aussi, comme une frontière ou une zone de conflit entre deux espaces. Avec son point de vue critique sur les réalités et les illusions de notre monde contemporain, il déclare que la seule façon d’aborder et de lire son travail est dans le contexte de la complexité et de la confusion.

Le philosophe français Gilles Deleuze pense que nous ne commençons rien, que nous sommes toujours au milieu entre un point de départ et une fin. C’est en partant de cette réflexion que mounir fatmi a conçu l’exposition « The Process » avec une série de dessins organiques « Tout est connecté » rappelant des racines et des neurones composant un réseau infini. La sculpture « Défense » est une barrière métallique surhaussée de pics pointus se dressant au milieu de l’espace comme une séparation obligeant le spectateur à la contourner afin d’en prendre toute la mesure. La série photographique des autoportraits en noir et blanc « Vision Périphérique » aborde le thème de la vision en tant qu'ensemble des processus cognitifs et des opérations mentales qui entrent dans la perception de notre environnement. Ainsi que des installations comme «La Boîte Noire», regroupant 99 boites aux lettres noires avec les inscriptions des 99 noms de dieu. « Memoire morte » se constitue d’une armoire métallique contenant plus de 2500 mètres de câble d’antenne noir, ne véhiculant aucun message ni aucune information. Finalement, « Autopsia » est composée d’une table d’autopsie en aluminium sur laquelle est couchée une sculpture de câble d’antenne comme un corps attendant que le spectateur le consulte de près afin de voir par lui-même ce qu’il contient au fond.

Dans une exposition qui parle métaphoriquement d’aller vers l’avant, l’artiste s’arrête et pose la question du « milieu », comme un concept fondamental à sa création artistique. Il nous invite à consulter des œuvres qui se révèlent tout à la fois complexes et chargées d’ambiguïtés. Mais pour faire simple, comme dirait mounir fatmi, il faut être complexe.

 

 

 

 

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« No matter where and when we start: we are already in the middle of things. » Ludwik Fleck

The exhibition "The Process" can be seen as a book that we can start reading in the middle. It is a series of thoughts, phenomena, an elaborate sequence of operations to reach an outcome that is ultimately the extension of the artist as a Medium. Influenced by the idea of the death of the media and by the collapse of industrial and consumerist civilization, mounir fatmi developed a reflection on the status of the work of art which is between Archive and Archaeology. Through his approach, he also develops a thought on the history of technologies and their influences in popular culture. Since the beginning of his artistic research, he has been interested in the subject of the Medium by using materials such as old typewriters, antenna cables, photocopiers or VHS cassettes. In this way, he questions the limits of memory, language and communication, while reflecting on materials that are becoming obsolete and have uncertain futures.

mounir fatmi’s work develops according to a rhizomatic value system, functioning as a network of connections in perpetual mutation. His installations often generate areas of turbulence and create semantic interpretations by linking the realm of thought to the act of creation. They raise the question of the Medium as an intermediary through which information is transmitted, but also as a border or a conflict zone between two spaces. With his critical perspective on the realities and illusions of our contemporary world, he states that the only way to approach and read his work is in the context of complexity and confusion.

The French philosopher Gilles Deleuze thinks that we are not starting anything, that we are always in the middle between a starting point and an end. It is from this reflection that mounir fatmi conceived the exhibition "The Process" with a series of organic drawings "Everything is Connected" recalling roots and neurons composing an infinite network. The sculpture "Defense" is a metallic barrier raised by sharp peaks rising in the middle of the space as a separation forcing the spectator to go around it in order to take its full measure. The photographic series of black and white selfportraits "Peripheral Vision" addresses the theme of vision as a set of cognitive processes and mental operations that enter into the perception of our environment. As well as installations such as "The Black Box", which includes 99 black letterboxes with the inscriptions of God’s 99 names. "Dead Memory" consists of a metal cabinet containing more than 2500 meters of black antenna cable, carrying no message or information. Finally, "Autopsia" is composed of an aluminium autopsy table on which lies a sculpture of antenna cables as a body waiting for the spectator to consult it closely in order to see for himself what it contains.

In an exhibition that metaphorically speaks of moving forward, the artist stops and asks the question of the "middle", as a fundamental concept in his artistic creation. He invites us to consult works that are both complex and full of ambiguities. But to make it simple, as mounir fatmi would say, you have to be complex.