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52. | Transition 01
 
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  • 2019, transparent plexiglass, 500 m black antenna cable, 180 x 110 x 130 cm.
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.

'' The sculpture Transition 01 states an inevitable disappearance by showing the slow agony of a technological medium. ''


Studio Fatmi, July 2019


  • Transition
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.

  • Transition
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.




 




La sculpture Transition 01 est réalisée à l'aide de câbles d'antenne noirs, rassemblés par du ruban autoagrippant blanc. Les câbles passent au travers d'une plaque de plexiglas transparente épaisse percée de plusieurs trous et posée contre un mur. Ils décrivent un réseau de boucles enchevêtrées qui se répandent depuis le mur jusqu'au sol.

Le câble d'antenne est un matériau fréquemment employé par mounir fatmi. Développé au cours du 20e siècle et actuellement en voie d'obsolescence avancée, le câble coaxial est un des « médias-morts » (expression empruntée à l'auteur de science-fiction Bruce Sterling) qui permettent à l’artiste d'entreprendre une « archéologie des médias », réflexion sur notre rapport à la technologie et le devenir de nos sociétés organisées autour.

L'œuvre donne à observer une transformation, celle de l'information, consignée sur support matériel par les sociétés dites traditionnelles, en données numériques et fichiers informatiques. Elle associe à la complexité formelle une absence de données observables. Par la même elle tend à se dérober au regard du spectateur et à ses tentatives d'interprétation et de compréhension, son dispositif empêchant toute lecture immédiate et univoque et s'imposant au spectateur par son opacité. Dans ce système ainsi constitué, absolument tout semble devoir nous échapper : des connaissances techniques, en passant par l'information qui demeure invisible ainsi que l'assurance que sa circulation soit sécurisée. Jusqu'à la certitude que l'obsolescence qui le menace ne remette pas en question la pérennité des informations. Pourtant certaines sont cruciales pour le fonctionnement des états.

Mêlant les techniques de l'abstraction géométrique, de la calligraphie arabe et du geste libre ou dripping, « Transition 01 » s'inscrit dans un programme esthétique qui allie rigueur formelle et sensibilité poétique. Exerçant une fascination presque hypnotique sur le spectateur, son dispositif n'en exige pas moins de lui un effort, se traduisant en déplacements et en changements de point de vue, dans le but de renouveler son rapport au monde.

La sculpture « Transition 01 » fait état d'une disparition inéluctable, en mettant en scène la lente agonie d'un support technologique. Elle questionne la capacité de nos sociétés à assurer la sauvegarde de ses informations essentielles et leur transmission aux générations futures. Si au cours de l'histoire les bibliothèques se sont révélées être des supports imparfaits elles aussi - bon nombre d'entre elles ont en effet brûlé par le passé - elles ont tout de même permis la transmission de nombreux textes à travers les siècles. En sera-t-il de même avec les procédés mis en œuvre au 20e siècle et qui atteignent déjà leur date de péremption ? En cas de bouleversement social ou de catastrophe naturelle, l'archéologue du futur sera-t-il capable de déchiffrer cette étrange Pierre de Rosette, afin de sauver de la disparition une partie du savoir humain ? L'œuvre pose la question de ce bouleversement technique entraînant une transformation à l'échelle sociale et pointe une incertitude quant à l'avenir des organisations à suivre.


Studio Fatmi, Juillet 2019.

 

 

 

The sculpture Transition 01 is made out of black antenna cable gathered together with white self-adhesive ribbon. The cables pass through a thick sheet of transparent Plexiglas pierced with a number of holes and leaning against a wall. They create a network of entangled loops that spill from the wall to the floor.

Antenna cable is a material frequently used by Mounir Fatmi. Coaxial cable was developed during the 20th century and today it is rapidly becoming obsolescent; it is one of the “dead media” (an expression borrowed from science fiction writer Bruce Sterling) that enable the artist to undertake an “archeology of the media”, a reflection upon our relation to technology and the evolution of our societies that are organized around it.

The work shows a transformation: that of information, confined to a material medium by so-called traditional societies, into digital data and computer files. It combines formal complexity with the absence of observable data. Simultaneously, it tends to evade the viewers’ gaze and their attempts to interpret and understand it, its conception preventing any immediate and unequivocal deciphering, as it imposes itself on the viewer through its opacity. In the system thusly established, absolutely everything seems to elude us: from the technical knowledge to the information that remains invisible, along with the assurance that its circulation is secured. Up to the certainty that its looming obsolescence won’t affect the information’s durability. Through some of it is crucial for the functioning of governments.

Blending the techniques of geometrical abstraction, Arab calligraphy and free gesture painting or dripping, Transition 01 is part of an esthetic program that combines formality and poetic sensitivity. Its construction exercises an almost hypnotic fascination on the viewers, while at the same time requiring from them an effort, materialized as displacements and changes of perspective, in order to renew their relation to the world.

The sculpture Transition 01 states an inevitable disappearance by showing the slow agony of a technological medium. It questions our societies’ capacity to ensure the safekeeping of essential information and its transmission to future generations. Through history, libraries have turned out to be imperfect mediums as well – many of them ended up in flames – but they enabled the transmission of numerous texts throughout the centuries. Will 20th century technologies be able to do the same thing, when they’re already become outdated? In the event of social unrest or a natural catastrophe, will future archeologists be capable of deciphering this strange Rosetta stone in order to save from annihilation part of human knowledge? The work poses the question of this technical revolution that creates a social transformation, and underlines a relative uncertainty regarding the future of the organizations that will follow.  

 

 

 

Studio Fatmi, July 2019.