02.
   
   
 


Installations
Videos
Photographs
Sculptures
Drawings
Collages
Paintings
Performances
Public spaces
Sounds
Games
Writings
Multiples
51. | White Matter 01
 
download PDF
  • 2019, coaxial antenna cable and staples on wood, 130 x 286 cm.
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.

“Like cities connected via telephone lines, these white cables connect neurons from one region of the brain to another. mounir fatmi’s white world invites us to immerse ourselves

in this white matter, which is constantly evolving, up to the wireless connection system of our hyper-connected society.”


Ceysson & Bénétière, May 2019


  • White Matter 01
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.

  • White Matter 01
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.

  • White Matter 02
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.

  • White Matter
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.

  • White Matter 03
    Exhibition view from If you don't know me by now, Ceysson & Bénétière, 2024, Lyon.

  • White Matter 04
    Exhibition view from ADN, Barcelona.




 




« White Matter » est une série de sculptures réalisée au moyen de câbles coaxiaux blancs agrafés à des panneaux de bois où ils forment des réseaux aux mailles étroites, ou reliant plusieurs panneaux entre eux en décrivant de longues courbes qui s'entrecroisent. Outil de transmission des images et de l'information employé principalement jusqu'à la fin des années 90, le câble coaxial est un matériau récurrent des œuvres de mounir fatmi. Aux côtés des casettes VHS ou des photocopieurs xérographiques, il compte parmi les « médias-morts » (expression empruntée à l'écrivain de science-fiction Bruce Sterling et qui désigne une technologie en voie d'obsolescence avancée) à partir desquels l’artiste mène des recherches regroupées sous le terme d'« archéologie des médias », réflexion sur les origines et le devenir des sociétés organisées autour des nouvelles technologies de communication et d’information (NTIC).

« White Matter » interroge le lien qui nous unit à la technique et observe l'impact des NTIC sur nos modes de pensée et d'agir. L'œuvre invite les spectateurs à une observation attentive de l'outil de transmission de l'information et à un jeu d'analogies suggérées par son titre. Cette série de sculpture fait en effet référence à la substance présente dans notre cerveau, responsable de la propagation des informations dans le système nerveux.

La couleur blanche et l'aspect filamenteux de la composition rappellent de manière évidente les réseaux d'axones des cellules neuronales. Les systèmes de télécommunication semblent se déployer dans l'espace de manière organique, comme les prolongements de nos sens et de nos corps, idée déjà formulée en son temps par le théoricien des communications Marshall McLuhan. Et cependant, en dépit de la ressemblance avec des organes humains, « White Matter » entraîne l'observateur dans un milieu dominé par la technologie, aseptisé et déshumanisé. Fruit du progrès scientifique et technique, l'objet fait paradoxalement naître un doute quant aux capacités de l'homme à contrôler ses principaux effets sur la civilisation. La fascination exercée par la composition « blanc sur blanc », l'effet d'hypnose et d'égarement induits par la confusion des fils enchevêtrés mettent en scène le transfert d'un pouvoir du spectateur vers la sculpture et de l'humain vers la machine.

La technologie tend à se constituer comme un système autonome, comme un organisme vivant à part entière. Idée centrale des théories de McLuhan, le média devient ainsi le message, imposant ses conditions, ses normes, son rythme propre aux communications humaines. Il donne finalement naissance à un nouveau monde : marqué par l'hyper-connectivité, la profusion et la répétition des informations, leur envahissement des espaces sociaux, la complexité de traitement et la confusion qu'elles entraînent. Le média impose sa temporalité également : menacé d'obsolescence, il pourrait bien entraîner avec lui une partie de la mémoire de l'humanité. Censée garantir la transmission des savoirs aux générations futures, la technique atteint sa date de péremption et menace de provoquer la perte d'informations cruciales - la perte d'une part de notre humanité peut-être. Piège esthétique qui tour à tour attire le regard du spectateur et l'égare, les sculptures « White Matter » invitent à une réflexion sur les conditionnements profonds opérés par les progrès technoscientifique et à une prise de conscience des évidences qui pourtant échappent à notre attention.

 

Studio Fatmi, Juillet 2019. 

 

 

« White Matter » is a series of sculptures created with white coaxial cable stapled onto wood panels on which they form tight networks, or connecting several panels with long intertwined loops. A device for the transmission of images and information mainly used until the end of the 1990s, coaxial cable is a recurrent material in Mounir fatmi’s work. Alongside VHS tapes and photocopy machines, it is one of the “dead media” (an expression borrowed from science fiction writer Bruce Sterling, designating a technology in an advanced state of obsolescence) with which the artist is conducting research under the term of « media archeology », a reflection upon the origins and the future of societies that revolve around digital technologies.

« White Matter » questions the relation we have to technology and looks at the impact of digital technology on our ways of thinking and behaving. The work invites the viewers to engage in an attentive observation of this tool for the transmission of information, in a play on analogies suggested in its title. Indeed, this series of sculptures references the substance that makes up our brain, which is responsible for the propagation of information to our nervous system.

The white color and the filamentous aspect of the composition are clearly evocative of axon and neural cell networks. Telecommunication systems seem to spread out organically, like extensions of our senses and bodies; an idea already formulated in the past by communications theorist Marshall McLuhan. Yet, however strong the resemblance with human organs, « White Matter » takes the viewer into a sterile and dehumanized environment dominated by technology. The result of scientific and technical progress, the object paradoxically casts a doubt regarding man’s capacity to control its main effects on civilization. The fascination exerted by the “white on white” composition as well as the hypnotic and distracting effect created by the confusion of tangled wires orchestrate a shift of power from the viewer to the sculpture, from human to machine.

Technology tends to construct itself as an autonomous system, like a self-sustaining organism. The central idea in McLuhan’s theories is that the media becomes the message, imposing its own conditions, norms and rhythm to human communications. It thus brings about a new world, marked by hyper-connectivity, the profusion and repetition of information, their invasion of social spaces, the complexity of its treatment and the confusion it creates. The medium imposes its own temporality as well: threatened with obsolescence, it just might take with it part of the memory of humanity. Though it was meant to ensure the transmission of knowledge to future generations, the technology has reached its expiration date and threatens to cause the loss of crucial information – perhaps the loss of a part of our humanity. An esthetic trap that alternately attracts and confuses the viewer’s gaze, the White Matter sculptures invite us to reflect upon the deep conditioning exerted by technical and scientific progress and to increase our awareness regarding the obvious that yet evades our attention. 

          

 

 

Studio Fatmi, July 2019.