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07. download PDF | The Tower
 

'' “The Tower” attempts to apprehend an internal architectural element, an element that organizes and conditions our relation to the world, in order to take a step back from this first degree of perception and to change our way of seeing. ''


Studio Fatmi, January 2018


  • Hard Head
    Exhibition view from Traces du sacré, Centre Georges Pompidou, 2008, Paris.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.

  • Hard Head
    Exhibition view from 180° Behind Me, Göteborgs Konsthall, 2018, Göteborg.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.

  • Dead or Alive
    Exhibition view from Fuck architects : Chapter II, CAC Le Creux de l'Enfer, 2008, Thiers.
    Courtesy of the artist.

  • The Cercle
    Exhibition view from Something is possible, Shoshana Wayne Gallery, 2007, Los Angeles, 2007.
    Courtesy of the artist.

  • The Great Forgiveness
    Exhibition view from 1ere Biennale de Bruxelles, 2008, Brussels.
    Courtesy of the artist.

  • Guilty
    Exhibition view from Art, ecology and the politics of change, 8ème biennale de Sharjah, 2007, Dubaï.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.

2007, black acrylic painting, in situ.
Exhibition view from Fuck Architects: chapter II, Le Creux de l'Enfer, 2008, Thiers.
Courtesy of the artist.
 




« La Tour » est une peinture murale en noir et blanc qui expose aux regards des spectateurs deux images disposées côte à côte. L'image de gauche est la reproduction agrandie d'une colonne vertébrale humaine, avec son empilement d'os articulés et ses courbures caractéristiques. L'image de droite relève apparemment à la fois du traité d'anatomie et du plan d'architecte. Elle associe une structure anatomique non identifiée, munie de cavités irrégulières et d'un prolongement vraisemblablement osseux et tombant - à la forme évocatrice - et un dessin architectural dont le cadre est formé par l'assemblage d'os, représentation composée de lignes se croisant à angle droit, de personnages, d'objets utilitaires ou de pièces de mobilier schématisés. La Tour Eiffel, en s'inspirant de l'os du fémur, le plus léger et le plus résistant du corps humain, est une des premières constructions anthropomorphique de l'ère industrielle. Plus récemment, l'architecture biomorphique élabore des projets à partir de modèles tirés de la nature, avec le souci constant de résoudre les problèmes liés à des contraintes techniques et matérielles, telles que le poids d'une matière, ou son coût, par une approche essentiellement structurale.

L'œuvre s'inscrit dans une critique de l'architecture menée par mounir fatmi à travers différents médias, notamment les vidéos de la série « Architecture Now », « Projet VF », les works in progress photographiques « Fuck the architect », ou « Le Centre d’aujourd’hui » qui s'attardent sur les projets urbanistiques des « cités radieuses » construites dans les années soixante dix, à destination des travailleurs immigrés, ou les vastes opérations immobilières des pays arabes. Ces œuvres produisent une critique qui vise l'architecture et ses rapports à l'humain et remettent en question le rôle de celle-ci dans l'avènement de changements sociaux bénéfiques. Elles dénoncent la domination de l'architecture sur l'homme, sa trop grande proximité avec les pouvoirs institutionnels ou financiers dans certains cas, et étudient le conditionnement des individus auquel elle participe. « La Tour » tente ainsi d'appréhender un élément architecturant intérieur, un élément qui organise et conditionne notre rapport au monde, dans le but de prendre de la distance avec ce point zéro de la perception et de changer notre manière de voir.

Expérimentation géométrique en noir et blanc dont le style minimaliste est destiné, comme souvent chez mounir fatmi, à obtenir un maximum d'effets, « La Tour » développe une esthétique du contraste et du balancement avec l'association de motifs anatomiques et architecturaux. L'œuvre invite à des jeux de comparaisons où les effets de structures et les rapports se révèlent. Elle file une métaphore plastique qui vient poser une équivalence entre corps et l'architecture et insiste sur le rôle de la colonne vertébrale, pilier de l'anatomie humaine, principal axe d'articulation et de transmission des messages nerveux et du mouvement. La juxtaposition des images invite à relever des écarts et des différences également. Les courbures dessinées par les vertèbres s'opposent à la rectitude et à la linéarité du schéma architectural. La complexité de l'anatomie humaine contraste avec la simplicité, voire le simplisme du dessin d'architecte. Le système de mise en relation complexe entre organes que constitue la colonne est mis en regard d'un système de compartimentation des espaces et des individus qui empêche les communications. L'anatomie humaine se confronte à une morphologie déshumanisée, abritant des individus réduits à des micro-organismes au fonctionnement schématique. La structure hybride pourrait évoquer l'appareil reproducteur de quelque monstre urbain où les humains ont un simple rôle séminal ou germinateur… Structure monstrueuse qui exprime peut-être une tradition architecturale viriliste illustrée par les vastes projets de construction phalliques, érigeant leurs tours depuis les années soixante jusqu'à nos jours.


Studio Fatmi, Janvier 2018.



 

« The Tower » is a black & white wall painting showing two images side by side. The one on the left is the blown up image of a human spine, with its piled up articulated bones and characteristic curves. The right image seems to be both an anatomical picture and an architectural blueprint. It associates an unidentified anatomical structure possessing irregular cavities and an extension apparently made of bone falling in a suggestive way, with an architectural drawing whose frame is made of an assemblage of bones: a representation combining lines that intersect at right angles, human figures, household objects and stylized pieces of furniture. The Eiffel Tower, inspired by the femur, the lightest and most resistant bone in the human body, was one of the first anthropomorphic constructions of the industrial era. More recently, biomorphic architecture develops projects based on models found in nature, with a constant preoccupation to solve problems related to technical and physical constraints such as the weight or cost of a material, through an essentially structural approach.

This work is part of an ongoing critique of architecture conducted by mounir fatmi using various media, particularly videos, such as with the « Architecture Now » series, « Project VF » and the photographic works in progress « Fuck the Architect » or « The Centre of Now » that address the urban projects of « radiant cities » built in the 1970s for immigrant workers as well as the large-scale real estate programs in Arab countries. These works produce a critique aimed at architecture and its relation to humans, and question its role in the advent of positive social change. They denounce the domination of architecture over people, its excessive proximity in certain cases with institutional and financial power, and study the way it contributes to the conditioning of individuals. “The Tower” attempts to apprehend an internal architectural element, an element that organizes and conditions our relation to the world, in order to take a step back from this first degree of perception and to change our way of seeing.

« The Tower » is a geometric experimentation in black & white whose minimalistic style aims, as is often the case with mounir fatmi, to create a maximum effect. It develops an esthetic of contrasts and balance by associating anatomical and architectural motifs. The work is an invitation to play with comparisons where connections and the effects of structure are revealed. It employs a plastic metaphor that creates equivalence between body and architecture and insists upon the role of the spine, that pillar of human anatomy, the main axis of articulation, for the transmission of nervous messages and movement. The juxtaposition of the two images is also an invitation to take notice of disparities and differences. The curves drawn by the vertebrae are opposed to the rectitude and linearity of the architectural plan. The complexity of the human anatomy contrasts with the simplicity, even the oversimplification of the architect’s drawing. The complex apparatus of connection between the organs that is the spine is compared with a system that compartmentalizes spaces and individuals and prevents communication. The human anatomy is confronted with a de-humanized morphology containing individuals reduced to microorganisms with schematic functioning. This hybrid structure could be the evocation of the reproductive system of some urban monster where humans would have a purely seminal or germinative role… A monstrous structure that might be the expression of a masculinist architectural tradition illustrated by large phallic construction projects, erecting their towers since the 1960s, and to this day.






Studio Fatmi, January 2018.