|
|
33.
| The Answers 01 |
|
-
2013, Phrase sur rhodoïde et neon, 120 x 5 x 3 cm.
Exhibition view from Post Tenebras Lux, Festival A-part, 2013, Les Baux de Provence. Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
'' « The Answers » is a body of work aiming to experiment the interactions between art and philosophy.
As such, it presents itself as an attempt to elaborate a plastic and visual representation of the interrogations and reflections formulated in writing by Saint Augustine. ''
Studio Fatmi, November 2017
-
The Answers
Exhibition view from Post Tenebras Lux, Festival A-part, 2013, Les Baux de Provence.
-
The Answers
Exhibition view from Post Tenebras Lux, Festival A-part, 2013, Les Baux de Provence.
-
The Answers
Exhibition view from Post Tenebras Lux, Festival A-part, 2013, Les Baux de Provence.
|
|
|
|
L'ensemble des œuvres regroupées sous le titre « Les réponses » forment un work in progress sculptural se déclinant en une série de photographies et de néons. Chacun d'eux se compose de deux impressions en noir et blanc qui forment les panneaux supérieur et inférieur, eux-mêmes séparés par un néon lumineux et une citation superposée extraite des Confessions de Saint Augustin, pensées rédigées autour de l'an 400, à la fois interrogation philosophique des textes bibliques et quête mystique de Dieu.
Dispositif d'expérimentation des interactions entre l'art et la philosophie, « Les réponses » se présentent comme la tentative d'élaboration d'une représentation plastique et visuelle des interrogations et des réflexions formulées par Saint Augustin. Si les questions peuvent paraître simples, du moins aisément formulables et représentables, dans la mesure où il s'agit de questions que tout un chacun pourrait se poser, les réponses apportées par Saint Augustin, en revanche, sont loin d'être évidentes et sont susceptibles de mettre à l'épreuve le sens commun.
Il en va ainsi de la question "Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre ?" qui apparaît au livre XI des Confessions, intitulé "La création et le temps", sous cette forme : "Ne sont-ils pas tous remplis des ruines de leur vétusté ceux qui nous disent : Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre ?" Interrogation désignée d'emblée comme une fausse question par le philosophe, dont les présupposés sont erronés. Saint Augustin ajoute un peu plus loin : "Je le déclare hautement : avant de créer le ciel et la terre, Dieu ne faisait rien.", et il conclut : "Nul temps n'a pu courir avant que vous [Dieu] eussiez fait le temps". Autrement dit, s'ouvrir à la compréhension de Dieu relève selon le penseur d'une "science de l'éternité" qui fait appel à "l'intuition des splendeurs de l'immobile éternité" (chapitre XIII). Dans la conception augustinienne, le temps est l'œuvre de Dieu ; il fait partie de la création et il n'existe pas de temps antérieur à celle-ci. La puissance créatrice de Dieu s'accomplit de toute éternité, c'est-à-dire sur tous les plans et à toutes les époques à la fois. L'enjeu pour le dispositif plastique de mounir fatmi est alors le suivant : comment représenter un concept tel que "l'immobile éternité" ? Est-il possible de le figurer en image, de le soumettre à nos sens et à nos perceptions?
Ce dispositif place en son centre un élément linguistique bien distinct, à savoir une interrogation clairement formulée et lumineuse, prise entre deux éléments plastiques et visuels censés offrir une image des réponses : ténébreuses, peu visibles, indistinctes, difficilement observables ou appréhendables. Il tente ainsi de donner forme à ce qui se laisse même difficilement imaginer, à ce à quoi un être appartenant à la création ne peut par essence pas prétendre, à savoir l'éternité. « Les réponses » livrent aux spectateurs d'impossibles images de la création et de l'univers à tous les moments de leur histoire, dans toutes leurs configurations passées, présentes et à venir, des images d'instants d'éternité en surimpression, confinant à l'opacité. Dispositifs de monstration horizontaux, « Les réponses » figurent un horizon des temps, où passé, présent et avenir se mêlent et coexistent. Il ne s'agit pas d'un système de lecture de gauche à droite, ni même chronologique, mais d'un système de lecture vertical ̶ de haut en bas et inversement ̶ qui suggère l'intuition d'une transcendance. « Les réponses » traduisent au final les difficultés pour l'être humain à penser et à aborder, à partir d'un équipement sensoriel limité, des questionnements théologiques ou philosophiques tels que le temps ou l'éternité.
Studio Fatmi, Novembre 2017. |
|
The group of works gathered under the title « The Answers » forms a sculptural work in progress consisting in a series of photographs and neon lights. Each one comprises two black and white prints that form the superior and inferior panels, separated by an illuminated neon and a superimposed quote taken from Saint Augustine’s Confessions, a book of reflections written around 400 AD that are both a philosophical interrogation on the Bible and a mystical quest for God.
« The Answers » is a body of work aiming to experiment the interactions between art and philosophy. As such, it presents itself as an attempt to elaborate a plastic and visual representation of the interrogations and reflections formulated by Saint Augustine. The questions might seem simple, or at least easy to formulate and represent because anyone could ask them, but the answers offered by Saint Augustine are far from obvious and likely to challenge common sense.
Such is the case with the question « What was God doing before He created Heaven and Earth? » that appears in book XI of the Confessions entitled « Creation and Time », formulated like this: « Aren’t they all full with the ruins of their dilapidation, those who ask: What was God doing before he created the universe? » The philosopher deems this a wrong question based on erroneous assumptions. He adds a little further: « I say it clearly: before creating Heaven and Earth, God wasn’t doing anything », before concluding: « No time was running before You [God] created time. » In other words, opening oneself to the understanding of God implies, according to the philosopher, a « science of eternity » that relies upon « the intuition of the splendor of motionless eternity » (chapter XIII). In the Augustinian conception, time is a creation of God: it’s part of Creation and didn’t exist beforehand. God’s power of creation is accomplished in all eternity, in other words, covering all domains and all eras at the same time. Consequently, the difficulty for mounir fatmi’s plastic endeavor is as follows: how to represent a concept such as « motionless eternity »? Is it possible to show it as an image, to submit it to our senses and perception?
The body of work places at its heart a distinct linguistic element: a clearly formulated and bright interrogation, trapped between two plastic and visual elements meant to provide an image of the answers: obscure, hardly visible, indistinct, hard to observe and apprehend. In this way, it attempts to incarnate what can hardly be even imagined, what beings belonging to Creation cannot, by definition, claim to have access to, namely eternity. « The Answers » offer viewers impossible images of Creation and the universe in every moment of their history, in all their past, present and future configurations, superimposed images of moments of eternity verging on opacity. Horizontal demonstration devices, « The Answers » constitute a horizon of time where past, present and future coexist. It isn’t about reading from left to right, or even chronologically, but about a vertical reading system – from top to bottom and vice versa – that suggests the intuition of transcendence. « The Answers » ultimately transcribe the difficulty for human beings, with their limited sensory capacities, to reflect upon theological and philosophical questions such as time and eternity.
Studio Fatmi, November 2017.
|
|
|
|