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15. | After the Fall
 
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  • 2007, jumping pole, table in metal.
    Exhibition view from Art of War, ADN Platform, 2014, Sant Cugat del Vallès.
    Courtesy of the artist and ADN Galeria, Barcelona.
    Ed. of 5 + 1 A.P.

'' After the Fall questions notions of History and relationships of power.

The piece examines the causes and consequences of the collapse of the obstacle, and the consequent negation of its power to resist or impede. ''


Studio Fatmi, April 2017





 




This work was part of Port Izmir 2 Triennal - Silence_Storm, Izmir, 2010.

 

Après la Chute est une sculpture réalisée à l’aide d'une barrière de saut d'obstacle hippique peinte en rouge et brisée en deux. Les fragments reposent à terre par une de leur extrémité, et par l’autre, sur une table métallique à la surface réfléchissante s’élevant à environ un mètre du sol.

Les barres de saut d'obstacle constituent un matériau fréquemment employé par Mounir Fatmi et sont utilisées dans des mises en scène du rapport de l'individu au monde et au réel. L'obstacle se définit dans l’univers de l’artiste comme l’épreuve du réel et par conséquent comme ce qui mobilise la pensée et le corps des individus. Il est également l’élément que l’artiste tente d’opposer au monde afin de le comprendre et d’y agir. Moyen d’explorer le réel, échafaudage de théories, de réflexions et de sensations, celui-ci se voit constamment menacé d’effondrement face à une réalité mal connue, mouvante et parfois dangereuse. L’obstacle désigne ainsi l'acte de création : « L’obstacle est avant tout une œuvre d’art, fragile, instable, toujours menacée d’une éventuelle chute » (Mounir Fatmi). Quoiqu’il en soit, sa présence massive s'impose dans l'espace où le spectateur évolue et l’incite à élaborer différentes stratégies, allant de l'affrontement au contournement, afin de le surmonter.

La sculpture Après la Chute traite des rapports du pouvoir et de l’histoire. L’œuvre examine les causes et les conséquences de l'effondrement de l’obstacle et de l’annulation de son pouvoir de résistance ou d'empêchement et permet, par une méthode en quelque sorte indirecte, de se faire une idée de la nature des relations étudiées. La chute entraîne ainsi une série d’observations. L'obstacle est brisé : ce qui faisait résistance a cédé et la rupture constatée donne une idée de la force nécessaire pour aboutir à un tel résultat, à savoir, et étant donné la solidité du matériau employé, un choc particulièrement brutal, dont la violence semble soulignée par la couleur rouge. L'objet s'est également dédoublé, et s’il ne peut plus remplir sa fonction première, il peut en revanche servir de matériau pour un autre type de construction, ce qui pourrait bien être déjà le cas. Enfin, l'intérieur de la barre d'obstacle est désormais visible et peut être observé sous la couche de peinture rouge : l’accident autorise une observation qui n’était pas possible au départ.

On peut donc parler ici d’un « minimalisme narratif », dans la mesure où l’œuvre s’en tient à une forme simple et cependant chargée d’histoire. La chute est le point de départ d’une série d’actions. Si celle-ci signifie la fin d'un processus (le saut, le contournement), elle signale également le début d'un autre. Il pourrait s’agir alors d’une action de réparation ou d’élaboration d’un objet différent, ou bien encore une réflexion sur l’événement et une exploration de la nature même de l'obstacle et donc du réel. La sculpture constitue finalement un test de résistance de l’œuvre d’art et du réel, une mise à l’épreuve de leurs limites qui permet d’appréhender leurs natures et leurs fonctionnements. A partir de la notion d’accident définie comme changement d’état impératif, l’œuvre invite à la découverte.


Studio Fatmi, avril 2017.



 

The sculpture After the Fall features a wooden horse jump pole, painted red and broken in two. The fragments lean upon a metal table with a mirrored top which reflects the fractured pole.

Jump poles are frequently used in Mounir Fatmi’s work, often to symbolize the relationship between the individual and the world, or reality. In the artist’s universe, “obstacle” is defined as the “hardship of reality,” and as such represents the primary stimulus to our body and intellect. The artist also produces “obstacles,” works that stand in opposition to the reality of our world, in order to better understand it, in order to precipitate action. A tool for exploring the Real, a scaffolding built of theories, thoughts and feelings, the obstacle faces an unknown, shifting and sometimes dangerous reality; it is in constant risk of collapse. In essence, the obstacle is an act of creation: “The obstacle is above all a work of art: fragile, unstable, ever in danger of tumbling down.” (Mounir Fatmi). However one interprets the symbol of the obstacle in After the Fall, its massive presence requires the spectator to develop a strategy – confrontation, circumvention – to overcome it. 


After the Fall questions notions of History and relationships of power. The piece examines the causes and consequences of the collapse of the obstacle, and the consequent negation of its power to resist or impede. The symbol of the jump pole allows ideas about the nature of these relationships to emerge indirectly. The fallen pole sets in motion a series of observations: The obstacle has been broken; that which provided resistance has ceded to a force which, given the solidity of the jump-pole, can be deduced as consequential. The impact was clearly brutal — this violence is further underscored by the use of the color red. The object has become double. Though it can no longer fulfill its primary function, it can serve as material for a different type of construction, and perhaps it is doing just that. Finally, the pole’s core has been made visible by the break; it can be observed under the coat of red paint. The accident has authorized a degree of observation that would not have been possible before.

Formally simple, yet charged with history, the sculpture might best be described as adhering to a kind of “narrative minimalism.” If the installation depicts the end-point of a longer process (jumps, turns, changes of direction), the fall also represents a new beginning, the start of a new series of actions. The next step might be to repair the broken pole, or to use it to construct something different, or, simply, to reflect upon the event in order to explore the very nature of “obstacle,” and thus of reality. The sculpture constitutes a kind of resistance test of art and of reality, a test of their limits, that allows us to understand their true nature and function. Starting with the notion that, by definition, an accident creates a change of state, After the Fall invites the public on a voyage of discovery.





Studio Fatmi, April 2017.