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12. | Embargo
 
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  • 2004, carpets wrapped in plastic, tape.
    Exhibition view from Jusqu'au bout de la poussière, espace des arts, 2004, Colomiers.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 1 A.P.

'' Embargo shows the transformation of the social body: the carpet no longer offers a space for rest and socialization. ''


Studio Fatmi, July 2017





 




Embargo est une sculpture réalisée au moyen de tapis orientaux qui ont été enroulés sur eux-même puis glissés dans des housses de plastique transparentes scellées avec du ruban adhésif orange vif. Les tubes obtenus sont ensuite déposés au sol sans ordre apparent.

La sculpture s'inscrit dans une réflexion sur la sanction politique d'empêchement et de blocage désignée sous le terme embargo, réflexion menée à travers des vidéos (Embargo, 1998), des installations et des performances (Pique-nique sous embargo, 2003). Celle-ci tire son origine de l'observation par l'artiste des différents traitements journalistiques de la mesure et de la mise en images ou non des souffrances endurées par les populations des pays concernés tels que le l'Angola, le Soudan, le Yemen, l'Iran ou l'Irak. Prenant ses distances avec les discours politiques, Mounir Fatmi adopte un point de vue en quelque sorte clinique et s'intéresse en particulier aux effets du blocage sur le corps, entendu à la fois comme corps social d'une nation et corps anatomique des individus constituant sa population.

L'oeuvre met en scène un enfermement. L'enroulement des tapis, leur emballage puis leur disposition aléatoire au sol traduisent la situation d'isolement et d'abandon dans laquelle se trouvent les pays touchés par la sanction. L'absence de communication de ces pays avec l'extérieur entraîne l'indifférence de la communauté internationale quant au sort de leurs populations. Embargo décrit un état proche de la mort. Le temps s'est arrêté dans les états victimes du blocus et les tubes ont - au mieux - des allures de capsules temporelles. La sanction a plongé les sociétés dans un état d'ensomeillement comparable à un coma, dont la sortie est plus qu'incertaine. Il est difficile de dire si les housses en plastique servent de protections ou si elles ont une fonction de housse mortuaire. La production artisanale est mise en veille et la cessation des activités économiques du pays l'entraîne vers un état proche de la mort.

Embargo donne à observer la transformation du corps social : le tapis n'offre plus d'espace de repos et de socialisation. La sanction qui vise au départ les dirigeants des pays touche en réalité l'ensemble de la société. Elle modifie en profondeur ses structures en tendant à les anéantir. "Frappe chirurgicale", l'embargo vise enfin et surtout les corps des individus, réduits à de simples tubes digestifs. L'accès aux nourritures les plus essentielles est rendu extrêmement difficile pour la population et se voit même contrôlé par les dirigeants censés subir le blocus. Si la population est gravement atteinte, le pouvoir des dictateurs, en revanche, s'en trouve renforcé.

Mounir Fatmi livre avec Embargo une oeuvre engagée et critique qui veut montrer que la sanction n'a jamais eu d'effets sur les dictateurs et que les principales victimes des sanctions qui se sont succédées ces dernières décennies se trouvent parmi la population.


Studio Fatmi, Juillet 2017.



 

Embargo is a sculpture made using oriental carpets that have been rolled up and placed into transparent plastic covers sealed with bright orange adhesive tape. The resulting tubes are then placed on the floor without any apparent order.

This sculpture is part of a reflection on the subject of the political sanction of obstruction and blockage designated with the term embargo, a reflection conducted through videos (Embargo, 1998), installations and performances (Picnic under embargo, 2003). It stemmed from the observation by the artist of the differentiated treatment by journalists of the measure, as well as the fact that images often aren’t shown of the suffering endured by the populations of concerned countries such as Angola, Sudan, Yemen, Iran and Iraq. Distancing himself from political discourse, Mounir Fatmi adopts a form of clinical point of view and is particularly interested in the effects of the blockage on the body, both the social body of a nation and the physical body of the individuals that constitute its population.


The artwork shows an imprisonment. The rolled up carpets, their wrapping in plastic and random disposition on the floor represent the situation of abandonment and isolation of the countries affected by the sanction. The absence of communication between these countries and the outside world leads to the indifference of the international community regarding the fate of their populations. Embargo describes a state that is close to death. Time has stopped in the countries affected by the blockage and the tubes are, at best, suggestive of time capsules. The sanction has precipitated these societies into a state of slumber comparable to a coma, and getting out of it is more than uncertain. It’s hard to say whether the plastic covers serve as a protection or if they should be rather perceived as body bags. Artisanal production is halted and the interruption of the country’s economic activity brings it to a state close to death.

Embargo shows the transformation of the social body: the carpet no longer offers a space for rest and socialization. The sanction that initially targeted the country’s leaders affects in reality the entire society. It deeply changes its structures by tending to destroy them. Lastly, as a “surgical strike”, the embargo mostly targets the bodies of individuals reduced to simple digestive tubes. Access to the most basic food is made extremely difficult for the population, and it even ends up being controlled by the leaders supposed to be enduring the blockage. While the people are sorely affected, the power of dictators, on the contrary, comes out reinforced.

With Embargo, Mounir Fatmi delivers a politically charged and critical artwork aiming to show that sanctions never had any effect on dictators and that their main victims these last few decades are to be found among the population.







Studio Fatmi, July 2017.