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08. | Man without a horse
 
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  • 2004, series of 6 inkjet prints, 50 x 37 cm each.
    Exhibition view from Traversia, CAAM, 2008, Canary Islands.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2004, series of 6 inkjet prints, 50 x 37 cm each.
    Exhibition view from Traversia, CAAM, 2008, Canary Islands.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

'' The man steps with determination to carry out the devastation, but despite this he in the end collapses into the mud. ''


Marie Deparis-Yafil, 2009





 




La série de photographie « L'Homme sans Cheval » met en scène un personnage en tenue de cavalier dans des décors mi-urbains, mi-naturels. Les photographies suivent la progression de l'écuyer depuis sa position assise sur un pont surplombant un cours d'eau, jusqu'à sa déambulation hasardeuse et solitaire dans des sous-bois ou sur des sentiers boueux. Elles le font d'abord apparaître dans une pose officielle et fière, en habit complet, composé pour une part d'un casque, d'une paire de bottes, d'une veste et d'une cravache noirs, et pour l'autre d'une chemise, d'un pantalon et de gants blancs. Sur les photographies suivantes, certaines pièces de l'habit du cavalier se sont détachées de leur support humain, se retrouvant dans sa main ou au sol, contemplés par celui qui les portait et qui a apparemment troqué sa cravache contre une cigarette, d'un air à la fois songeur et distancié.

Lié à une vidéo éponyme mettant en scène le personnage du cavalier dans les second et troisième volets de l'œuvre, le projet photographique de « L'Homme sans cheval » est également à rapprocher des photographies et vidéos « Sortir de l’histoire », « Histoire de l’histoire" et « Sans histoire ». Chacune de ces œuvres interroge le rapport de l'individu au contexte socio-politique et à l'histoire sous la forme d'un « grand récit », d'une fiction contestée en raison de ses orientations idéologiques, ou de ses fonctions de justification du pouvoir, et en tant qu'ensemble des conditions matérielles et objectives qui forment l'environnement dans lequel l'individu évolue. L'œuvre pose la question des stratégies d'existence à partir de la disparition des fictions historicisantes qui jusqu'ici assuraient la distribution des rôles dans l'humanité : rôle du dominateur, maîtrisant le cours des événements, ordonnant le chaos et la nature, modifiant à loisir les conditions de son existence ou la forme et les qualités de son milieu de vie. Cette fin d'une maîtrise illusoire pose la question d'une possible et nécessaire évolution.

Les photographies observent un écart flagrant entre un environnement naturel et un personnage entouré d'artifices, affublés d'attributs divers et éventuellement encombrants, dont le costume apparaît comme incongru, relevant quasiment de l'anachronisme. Le cavalier paraît avoir été projeté brutalement dans une époque qui n'est pas la sienne et dans un milieu auquel il est visiblement très mal adapté. Il semble atteint d'une forme de nostalgie et n'avoir pas enregistré convenablement le départ ou la perte de sa monture, représentant de cette nature instrumentalisée par l'homme, mise au service de ses intérêts, qui a joué un grand rôle historique en participant aux guerres et conquêtes menées à divers âges de l'humanité. L'homme apparaît sur les photographies comme un animal dénaturé dans toute sa splendeur. Tente-t-il de retrouver son sentiment de maîtrise et sa position dominante ? Ou suit-il les chemins empruntés par l'animal : une voie vers une nature redécouverte et un rapport au monde renouvelé ? Les signes d'abandon et de d'obstination se mêlent. L'individu ne s'est pas encore débarrassé de ses mauvaises habitudes et de son désir de sens, de justification des habitus et de finalité historique. Il progresse néanmoins avec une certaine désinvolture et se livre à la contemplation autant qu'à l'action. La série de photographies « L'Homme sans Cheval » expriment la nécessité pour l'individu d'avancer seul, d'élaborer un rapport à l'histoire et au monde à partir d'une confrontation solitaire. Elle appelle à s'approprier son temps propre contre le temps historique et affirment l'activation d'une mémoire individuelle comme seul rapport valable à l’histoire.


Studio Fatmi, Février 2018.

 

The series of photographs « Man without a Horse » shows a character in a rider’s outfit in a half urban, half natural setting. The photographs follow the horseman’s progression from his initial position, sitting on a bridge over a river, to solitary wandering in undergrowth and on muddy paths. They first show him with a proud and official pose, in his complete outfit comprising on one hand a black helmet, boots, vest and riding crop, and on the other hand a white shirt, pants and gloves. In the following photographs, some elements of the rider’s clothing have been detached from his body and are in his hand or lie on the ground, contemplated by the man who was wearing them and who seems to have swapped his riding crop for a cigarette, a pensive and distant look on his face.

Linked to an eponymous video featuring the character of the rider in the second and third parts of the work, the photographic project « Man without at Horse » can also be connected to the photographs and videos « Out of History », « The History of History » and « Without History ». Each one of these questions the relation of the individual to socio-political and historical contexts, as well as to history when consisting in a “grand tale”, a fiction that is contested because of its ideological bias or its function as a justification for power, and as a set of material and objective conditions that shape the environment in which the individual lives. The work questions the strategies of existence since the disappearance of the great historical fictions that ensured the distribution of roles among humanity so far: the role of the dominant character who masters the course of events, organizing chaos and nature, modifying at will the conditions of his existence or his environment and its specificities. The end of this illusory sense of control poses the question of a possible and necessary evolution.

The photographs address the blatant gap between the natural environment and a character surrounded with artificiality, saddled with various and sometimes cumbersome attributes, whose outfit comes across as incongruous, almost anachronistic. The rider appears to have been violently projected into an era he doesn’t belong to, and in an environment to which he apparently isn’t adapted. He seems to suffer from a form of nostalgia and to not have fully processed the departure or loss of his mount, which symbolizes nature perceived as a tool used by mankind and put to the service of its interests, and which has played an important role historically in wars and conquests throughout the history of humanity. The man is shown in the photographs as a denatured animal in all his splendor. Is he trying to recover his feeling of control and his dominant position? Or is he following the way shown by the animal: a path towards the rediscovery of nature and a new relationship with the world? Signs of abandonment and stubbornness are intertwined. The character hasn’t yet gotten rid of his bad habits or his search for meaning, for justification of habitus and historical purpose. He nevertheless moves with a certain offhandedness and engages in contemplation as much as in action. The series of photographs « Man without a Horse » expresses the necessity for individuals to progress alone, to build a relationship with history and the world rooted in a solitary confrontation. It exhorts us to claim our own time over historical time and proclaims the activation of individual memory as the only valid relation to history.

 

 

Studio Fatmi, February 2018.