02.
   
   
 


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54. | Under the Skin
 
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  • 2017, ink print black and white, on baryté paper, 50 x 37 cm.
    Exhibition view of Inside the Fire Circle, Lawrie Shabibi, 2017, Dubai.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2017, C-print pigment print on fine art, 70 x 50 cm.
    Exhibition view of Inside the Fire Circle, Lawrie Shabibi, 2017, Dubai.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2017, C-print pigment print on fine art, 100 x 62 cm.
    Exhibition view of Inside the Fire Circle, Lawrie Shabibi, 2017, Dubai.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2017, C-print pigment print on fine art, 208 x 140 cm.
    Exhibition view of Inside the Fire Circle, Lawrie Shabibi, 2017, Dubai.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

'' More than anything, Griffin subjected himself to status of outsider. He was neither white nor black, rather he was living in this in-between zone,

neither here nor there, and perhaps this is his greatest legacy; his sacrificing of self, the risk of the unknown, to exist in-between in an attempt to reach the other. ''


Blaire Dessent, April 2017


  • Under the Skin
    Exhibition view of Inside the Fire Circle, Lawrie Shabibi, 2017, Dubai.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.

  • Under the Skin
    Exhibition view of Inside the Fire Circle, Lawrie Shabibi, 2017, Dubai.
    Courtesy of the artist and Lawrie Shabibi, Dubai.




 




« Sous la peau », une série de photographies grand format créées en 2017 par Mounir Fatmi, est basée sur a vie de John Howard Griffin (1920-1980), un écrivain américain qui, en 1959, a voulu changer sa couleur de peau pour devenir noir afin de tenter de mieux comprendre et d’attirer l’attention sur l’oppression et la ségrégation dont faisaient l’objet les noirs pendant l’ère Jim Crow dans le sud des Etats-Unis. Mounir Fatmi a pu avoir accès aux archives de John Howard Griffin et depuis 2014 il utilise certaines des images qu’il y trouve comme point de départ pour développer un corpus d’œuvres comprenant des photos, des vidéos et une installation.

Dans les œuvres intitulées « Sous la peau », « Miroir » et « Interview avec Mike Wallace », Fatmi utilise des photos prises à l’origine par Don Rutledge, un photojournaliste qui documenta le processus et l’expérience que vécut Griffin lorsqu’il changea sa couleur de peau. Pour chaque pièce, il a manipulé la photo d’une façon ou d’une autre, en l’agrandissant, en modifiant les tons de noir et de blanc, mettant l’emphase sur l’impression latente de trouble véhiculée par chacune de ces images.

Dans le diptyque « Sous la peau », l’image du haut montre Griffin en intérieur, couché à plat ventre sur un lit, une lampe à UV suspendue au-dessus de lui comme une lumière d’interrogatoire. Les ombres de la lampe sont d’un noir foncé et semblent se refermer sur lui. L’image dégage une atmosphère menaçante, claustrophobe, et il est difficile de déceler ce qui s’y passe au juste. L’image du bas le montre à l’extérieur, marchant dans la rue, son visage désormais noir. Dans cette photo, Fatmi a effacé tout ce qui entoure Griffin : voitures, passants, magasins, le laissant marcher seul dans un espace vide et blanc, comme s’il marchait dans la lumière ou, sans doute est-ce une meilleure analogie, avec un spot de lumière blanche au-dessus de lui, l’isolant de la vue du public. Il est à découvert et vulnérable, comme s’il marchait seul en terre inconnue. Le seul élément qui contraste avec le blanc est une bouche d’égout circulaire et noire, juste à côté de son pied, comme s’il s’agissait d’un piège caché dans lequel il pourrait facilement tomber. Ces deux images reflètent la dualité à laquelle Griffin s’est soumis. Elles représentent les contrastes entre l’intérieur et l’extérieur, l’obscurité et la lumière, le privé et le public, mais aussi entre la sécurité personnelle et l’objectivation, des contrastes que Griffin lui-même explorait de par ses actes.

« Miroir » est une photographie en noir et blanc modifiée qui montre Griffin se regardant dans un miroir au moment de sa transformation, lorsqu’il se découvre pour la première fois avec un visage noir. Ici, Fatmi s’est permis de créer une sorte de répétition du reflet du miroir au-dessus et en-dessous. Le résultat crée une image plus sombre, plus floue, dans laquelle le corps de Griffin semble vibrer en cet instant de changement.

Dans la photo intitulée « Interview avec Mike Wallace », Mounir Fatmi a répété au-dessus et en-dessous l’image d’une photo originale montrant Griffin se faisant interviewer à la télévision par Mike Wallace, un journaliste américain connu. Cette photo est la seule trace restante de cette interview ; l’enregistrement en a été détruit. Les deux hommes sont assis à une table, Wallace baisse la tête pour allumer une cigarette. Griffin, l’air plus détendu, est assis les jambes croisées, regardant Wallace directement. Un ami de Griffin se souvient de cette interview comme ayant été extrêmement inconfortable pour Mike Wallace, qui ne savait pas comment aborder Griffin et son expérience. Dans la version de Fatmi, l’image placée au-dessus a été transformée pour en créer une version très claire, presque comme une version en rayons X. L’image en-dessous est plus proche de la photo originale mais a été très assombrie pour créer un effet positif/négatif entre les deux. L’image du dessus crée une impression de transparence : on observe le langage corporel et les émotions des deux protagonistes, mais par ailleurs leurs visages sont très foncés et leurs cheveux et vêtements blancs, alors qu’au-dessous la peau blanche se détache sur le fond assombri.

Plus que toute autre chose, Griffin s’est placé dans une position d’outsider. Il n’était plus blanc ni noir, il vivait dans une zone intermédiaire, pas ici ni là-bas, et c’est là peut-être ce qu’il a de plus important à nous léguer : le sacrifice de sa personne, le risque de l’inconnu, d’exister dans un entre-deux, dans une tentative pour entrer en contact avec l’autre. Cette série d’œuvres utilisant les archives et les recherches autour de John Howard se poursuit à ce jour grâce à la collaboration de Roberto Bonazzi, qui protège et entretient les archives de John Howard Griffin.


Blaire Dessent, avril 2017.

 

 

 

A series of large scale photographs made in 2017 by mounir fatmi are based around the life of John Howard Griffin, (1920-1980), an American writer who, in 1959 attempted to change his skin from white to black in order to try and understand, and bring attention to, the oppressiveness of segregation and racism experienced by black people during the Jim Crow era in the American South. mounir fatmi was granted access to the archive of John Howard Griffin and since 2014 he has been using some of the images discovered within it as a point of inspiration to develop a body of work that includes photographs, video, and installation.

In the following works, “Under the Skin,” “Mirror,” and “Interview with Mike Wallace,” fatmi uses photographs originally taken taken by Don Rutledge, a photojournalist who documented the process and experience that Griffin underwent when changing his skin from white to black. In each piece he has manipulated the photograph in some way; enlarging it or altering the tones of black and white, to emphasize an underlying impression that each of these rather haunting images convey.

In the diptych, “Under the Skin,” the top image shows Griffin inside, lying face down on a bed, the UV lamp suspended over him like an interrogation light. The shadows of the lamp are dark black and seem as if they are encroaching upon him. There is a slightly ominous, claustrophobic feeling about the image, and it is hard to make out exactly what is going on. The lower image captures him outside walking on the street, his face now black. In this photograph, fatmi has erased everything around him, any cars, people, and shops, leaving Griffin walking alone in a white void, as if he were walking into the light or perhaps a better analogy would be as if he were walking with a white spotlight over him, isolating him for public viewing. He’s exposed and vulnerable, as if walking alone in an unknown land. The only contrast to the white is the black, circular man hole on the street just next to his foot, as if it is a hidden trap into which he could easily fall. These two images reflect the duality to which Griffin subjected himself to. They represent the contrasts between interior and exterior, of darkness and light, of private and public, and of personal safety and objectification, contrasts which Griffin himself was exploring in his actions.

“Mirror” is a manipulated black and white photograph that shows Griffin looking at himself in the mirror at this moment of transformation, when he discovers himself for the first time with a black face. Here fatmi has gone in and created a sort of repetition of the mirror’s reflection from above and below. The results create a darker, blurrier image in which Griffin’s body seems to vibrate in this moment of change.

In the photographic print titled, Mike Wallace Interview, mounir fatmi has repeated an image, one above the other, of an original photograph showing Griffin being interviewed on television by Mike Wallace, a well-known American news reporter and interviewer. This photograph is the only remaining documentation of this interview; the tape itself was destroyed. The two men are seated at a table, Wallace with his head bent down, lighting a cigarette. Griffin looking more relaxed, sits with his legs crossed, looking directly at Wallace directly. One of Griffin’s friends recalls this interview as being extremely awkward for Mike Wallace, who was not sure how to approach Griffin and his experience. In fatmi’s version, the image set above has has been manipulated creating an ultra light, almost like an x-ray version. The image below remains more similar to the original quality of the photograph but it has been darkened quite a bit to generate a positive/negative effect between the two. The above image creates a sense of transparency, we are looking into body language, their emotions, but also, here we see their faces are very dark and their hair and clothes white, whereas below highlights the white skin against the darkened background.

More than anything, Griffin subjected himself to status of outsider. He was neither white nor black, rather he was living in this in-between zone, neither here nor there, and perhaps this is his greatest legacy; his sacrificing of self, the risk of the unknown, to exist in-between in an attempt to reach the other. This series of work using the archive and research around John Howard is ongoing thanks to the collaboration with Roberto Bonazzi, who protects and maintains the John Howard Griffin archive.








Blaire Dessent, April 2017.