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18. | The Monuments
 
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  • Serie started in 2009, serie of 4 inkjet prints.
    Exhibition view from Balla Drama, Paradise Row Gallery, 2009, London.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • Serie started in 2009, serie of 4 inkjet prints.
    Exhibition view from Balla Drama, Paradise Row Gallery, 2009, London.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • Serie started in 2009, serie of 4 inkjet prints.
    Exhibition view from Balla Drama, Paradise Row Gallery, 2009, London.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • Serie started in 2009, serie of 4 inkjet prints.
    Exhibition view from Balla Drama, Paradise Row Gallery, 2009, London.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

'' The images express an ambiguity: like negative photography, thinking is a process that involves the inversion of values. Its operations of displacement

enable the shift from a “natural vision” of the real world, or a “realistic illusion”, to a bipolar black & white system, darkness and light,

which favors interpretations and deciphering. Its structural approach seeks to highlight relations and create connections. ''


Studio Fatmi, February 2018





 




La série « Les Monuments », en lien avec une sculpture, se constitue de photographies en négatives de casques de chantier blancs, sur lesquels sont inscrits les noms de penseurs et artistes du 20e siècle dont l'influence a été marquante à la fois pour l'histoire des idées et pour la réflexion de mounir fatmi. Se lisent ainsi les noms de Deleuze, Gramsci, Saïd, Debord, Césaire, Wittgenstein, Barthes, Camus, Artaud ou Burroughs, parmi d'autres penseurs occidentaux, autant de bâtisseurs de théories et de concepts philosophiques, sociologiques ou artistiques avec ou contre lesquels le monde contemporain s'est construit. Dans ces compositions bipolaires en noir et blanc, surgit parfois, çà et là, une accidentelle et surprenante lueur bleutée, née des inversions entre ombre et lumière.

L'ensemble photographique de « Les Monuments" se propose comme une tentative de caractérisation de la pensée du 20e siècle telle qu'elle s'est élaborée à travers les pratiques philosophiques et artistiques. Elle envisagent cette vaste construction dans son rapport à l'autre en mentionnant au passage la question de l’orientalisme traitée par Edouard Saïd et explorent la relation de notre époque aux penseurs du passé et aux produits de leur réflexion.

Les images expriment une équivalence : comme la photographie en négative, la pensée est un procédé d'inversion des valeurs. Ses opérations de déplacement font passer d'une « vision naturelle » du monde réel, éventuellement d'une « illusion réaliste », à un système bipolaire noir et blanc, sombre et clair, qui favorise la lecture et le décodage. Son approche structurelle cherche à mettre en évidence des rapports, à établir des relations. Elle révèle parfois ce qui demeurait dans l'ombre ou était invisible. Le traitement théorique qu'elle applique au réel en modifie profondément la nature : opérations d'inversion qui modifient l'ordre des valeurs du monde, qui remet en question les catégories et les hiérarchies établies. La pensée est un geste de renversement, un acte révolutionnaire par essence.

La série photographique « Les Monuments » pose la question du rapport de la pensée contemporaine à l'héritage intellectuel du 20e siècle. La pensée est envisagé comme un échafaudage, un travail de déconstruction et de construction. La mobilité et le mouvement permanent entrent dans ses principes : pas d'édifice indéboulonnable ici, mais un assemblage protéiforme, multiple et variable qui participe à former une mémoire qui n'est pas figée, mais qui sert de point d'appui pour une réflexion contemporaine. L’amoncellement des casques de chantier peut également rappeler les ossuaires des tribus des premiers âges de l'humanité. Une forme de hasard s'affiche dans l'érection de cet édifice précaire à fonction commémorative susceptible de se modifier, et qui exprime les efforts transgénérationnels de l'humanité pour penser le monde et y vivre.



Studio Fatmi, Février 2018.

 

The series “The Monuments”, which goes hand in hand with a sculpture, consists in negative photographs of white construction helmets on which are inscribed the names of 20th century thinkers and artists whose influence was significant both on the history of ideas and on Mounir Fatmi’s own thought. The names of Deleuze, Gramsci, Saïd, Debord, Césaire, Wittgenstein, Barthes, Camus, Artaud and Burroughs can be read, among other Western thinkers who elaborated philosophical, sociological and artistic theories and concepts with or against which the contemporary world constructed itself. In these bipolar black & white compositions surges here and there an accidental and unexpected blue light emanating from the inversions between light and darkness.

The photographic ensemble “The Monuments” presents itself as an attempt to characterize 20th century thought as it was elaborated through philosophical and artistic practices. They consider this vast construction under the angle of its relation to others, while also mentioning the question of orientalism addressed by Edouard Saïd, and explore the relation of our times with thinkers from the past and the product of their reflections.

The images express an ambiguity: like negative photography, thinking is a process that involves the inversion of values. Its operations of displacement enable the shift from a “natural vision” of the real world, or a “realistic illusion”, to a bipolar black & white system, darkness and light, which favors interpretations and deciphering. Its structural approach seeks to highlight relations and create connections. At times, it reveals that which remained in the shadows or was invisible. The theoretical processing it applies to reality deeply modifies its nature: inversions that disrupt the order of values in the world and question established categories and hierarchies. Thinking is a movement of reversal, a fundamentally revolutionary act.

The photographic series “The Monuments” poses the question of the relation of contemporary to the 20th century’s intellectual legacy. Thought is envisaged as an elaboration, a work of deconstruction and construction. Constant mobility and movement are part of its principles: no immutable edifice here, but a polymorphous, multiple and variable assemblage that participates in the elaboration of a memory that isn’t etched in stone and instead serves as the basis for a contemporary reflection. The accumulation of construction helmets can also be reminiscent of the ossuaries of tribes from the early ages of humanity. A certain randomness can be perceived through the erection of this precarious construction serving a commemorative purpose and likely to be modified, which expresses humanity’s the efforts, generation after generation, to reflect upon the world and inhabit it.

 

Studio Fatmi, February 2018.