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27. | Mixology
 
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  • 2010-2011, diptych, prints on Duratrans, lightboxes, 65 x 110 cm each one.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2010-2011, diptych, prints on Duratrans, lightboxes, 65 x 110 cm each one.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

'' The clash between music and text is brutal – representing cultural difference and also the age-old arch-rivals: pleasure and religion.

This violent contrast is perfectly intentional, as mounir fatmi explains, «the first meeting between cultures can only be violent.» ''


Studio Fatmi, February 2017





 




« Mixology » est un diptyque photographique en couleurs dont le cadre est formé par une table de mixage de DJ, appareil qui permet de mélanger plusieurs sources audio. La console, à la fois digitale et analogique, se compose de platines vinyles ornées de calligraphies arabes cursives et coufiques reprenant des versets religieux, et d'instruments numériques divers : amplificateurs, microphones et commutateurs. Reliant tous ces éléments entre eux, des fils électriques multicolores traversent l'image latéralement en décrivant des boucles. qui superposent les unes aux autres, tandis que du cadre supérieur de l'image surgit une paire de bras qui les manipule.

L'œuvre aborde le sujet des productions culturelles et de leurs interactions. Elle est à mettre en lien avec la série des œuvres « Technologia » qui explorent à l'aide de dispositifs visuels inspirés des rotoreliefs de Marcel Duchamps les productions du monde contemporain et le rapport des individus aux grands systèmes de significations. Elle peut être également rapprochée des nombreuses œuvres de mounir fatmi qui recourent au câble électrique et insistent sur la question des interactions et élaborent des stratégies de connexions et de mise en relation. Les photographies « Mixology » évoque enfin le rôle de l'art dans le champs des productions culturelles à partir de la notion de remixage, devenue omniprésente.

L'opération de mixage /re-mixage consiste essentiellement en la récupération et le recyclage d'éléments préexistants. La notion a de nos jours fini par s'étendre à tous les domaines : mode, art, culture, société, et même à la vie personnelle et familiale, sujette à de fréquentes recompositions, et « Mixology » observe que la notion s'est désormais teintée d'ambivalence. Du côté positif, le dispositif exposé élaborerait une science du mélange à partir d'opérations de réalignement, de connexion, de recomposition libre, d'association de formalisme et de sensibilité. La musique, avec ses associations harmonieuses, possède en effet une nette « avance » sur les sociétés et les civilisations, dont les éléments culturels ne cessent de s'entrechoquer, de s'affronter, cherchant à se détruire ou à se dominer, accumulant désaccords, tensions et malentendus. Cette premiere réussirait là où les individus et les peuples échouent, et elle réaliserait la rencontre heureuse des esthétiques et des musiciens les plus divers, en dehors de toute idéologie.

Cependant les aspects négatifs du phénomène ont été perçus jusque dans le grand public. Si le DJ, artisan du remix, bénéficie encore souvent de son admiration, la critique sait faire la part entre inventivité née d'une audacieuse hybridation et recyclage. De la même manière, l'œuvre « Mixology » remet en question les capacités de notre époque à produire des objets véritablement neufs. Dans les sociétés du recyclage et du réemploi à l'infini, où tout est constamment ré-agencé sans que rien de nouveau n'apparaisse, les capacités de la société, de la culture ou même de l'art à renouveler le monde et ses significations sont profondément remises en question.


Studio Fatmi, Février 2018.

 

 

“Mixology” is a diptych of color photographs with a frame constituted by a DJ mixing deck, a device allowing the combination of several different audio sources. The deck is both digital and analog and comprises vinyl turntables decorated with cursive Arab calligraphy reproducing religious verses, as well as various electronic devices: amplifiers, microphones and switches. Multicolored electric wires connect all these elements together, crossing the image laterally, tracing loops superimposed on top of each other, while from the top of the image, a pair of arms emerges to manipulate them.

The work addresses the question of cultural productions and their interactions. It can be connected to the series of works entitled “Technologia”, which explores, using visual devices inspired by Marcel Duchamp’s Rotoreliefs, the productions of our contemporary world and the relations between individuals and large-scale systems of significations. It can also be compared with Mounir Fatmi’s numerous works that use electric cable, highlighting the idea of interactions and elaborating strategies for creating connections and relations. Lastly, the “Mixology” photographs address the role of art in the field of cultural productions from the perspective of remixing, a notion that has become omnipresent today.

The act of mixing/remixing essentially consists in re-using and recycling pre-existing elements. The notion today has extended to many different fields: fashion, art, culture, society and even our personal and family lives as they are subject to frequent transformations, and “Mixology” the photographs make the observation that the notion is now tinged with ambivalence. On the positive side, the exhibited installation would elaborate a new science of mixing, with the use of operations of realignment, connections, free modifications, combining formalism and sensitivity. Music, with its harmonious associations, is definitely “ahead” of societies and civilizations whose cultural elements never cease to collide and oppose each other, seeking to destroy or dominate one another, in an endless accumulation of disagreements, tensions and misunderstandings. Music succeeds where individuals and peoples fail, by enabling joyful encounters of the most diverse esthetics and musicians, free from any kind of ideology.

Yet the negative aspects of this phenomenon can be perceived even by the general public. The DJ, the creator of remixes, might still often be admired by the public, but critics generally distinguish between inventiveness and smart hybridization and recycling. Much the same way, “Mixology” questions our time’s capacity to produce truly new objects. In our societies of recycling and re-use, where everything is constantly rearranged without anything new emerging, the capacity for society, culture or even art to renew the world and its significations is strongly called into question.

 

 

 

Studio Fatmi, February 2018.