La série photographique en couleurs « Après la Chute » intègrent dans sa composition différents éléments : une barrière de saut d'obstacle hippique peinte en rouge, un vélo et des bacs à plantes extérieurs. Une des images livre un gros plan de la barre de saut brisée en deux et reposant au sol. Une autre donne à voir les deux fragments produits par la cassure chargés sur un vélo et attachés à l'aide de ruban de transport bleu. Le vélo apparaît posé contre un des bacs à plantes urbains où poussent des arbustes.
« Après la Chute » interroge la relation du spectateur à la violence du réel et exprime les rapports de l'individu à l’histoire. Le terme « chute » est employé plusieurs fois par mounir fatmi pour intituler ses œuvres, telles que les sculptures « Les Chutes », réalisées avec des motifs calligraphiques découpés dans du métal, ou encore « Après la chute », qui montre également une barre de saut d’obstacle rouge brisée, dont les fragments sont cette fois-ci disposés sur une table. Dans son corpus artistique, la chute désigne ce qui reste après la confrontation à la violence de la réalité. Comme dans les projets « Save Manhattan », reproduisant à l'aide de techniques diverses la skyline de New York avant les attentats du 11 septembre 2001, « Après la Chute » explore l'architecture de nos sociétés, de nos perceptions et de nos pensées.
La barre de saut d'obstacle hippique est également un matériau récurrent des œuvres de mounir fatmi. Elle renvoie à la fois à l'épreuve du réel et au moyen d'explorer celui-ci, à savoir l'approche artistique : « L'obstacle est avant tout une œuvre d'art, fragile, instable, toujours menacée d'une éventuelle chute » (mounir fatmi). Elle sert à mettre au point une méthode d'investigation indirecte, c'est-à-dire à partir des effets, des conséquences de l'interaction entre individu et réalité. Le motif plastique permet une modélisation des rapports au réel exprimé dans une forme de minimalisme narratif. La chute entraîne en effet une série d’observations. L'obstacle est brisé : ce qui faisait résistance a cédé et la rupture constatée donne une idée de la force nécessaire pour aboutir à un tel résultat. L'objet s'est dédoublé, et s’il ne peut plus remplir sa fonction première, il peut en revanche servir de matériau pour construire une autre oeuvre.
Enfin, l'intérieur de la barre d'obstacle est désormais visible et peut être observé sous la couche de peinture rouge : l’accident autorise une observation qui n’était pas possible au départ. Si la chute signifie une fin ou une défaite, elle signale aussi le début d'un autre processus, opération de réparation ou d’élaboration d’un objet différent. La series de photographies « Après la chute » n'entend pas cependant que le spectateur cède au défaitisme ou à la soumission aux pouvoirs de l'histoire. Elles semblent au contraire suggérer une stratégie qui consiste à se remettre en selle après la chute, à tirer les leçons de ses expériences et à prendre le parti du mouvement et du « déplacement permanent », selon une expression de l’artiste.
Studio Fatmi, Février 2018.
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The series of color photographs “After the Fall” combines various elements in its composition: a horse jumping pole painted red, a bicycle and flower boxes. One of the images shows a close-up on the pole, broken in two and resting on the floor. Another shows the two fragments of the bar loaded onto a bicycle and secured with blue transport ribbon. The bike rests against a street flower box with bushes growing in it.
“After the Fall” questions the viewer’s relation to the violence of reality and expresses the relation of individuals to history. The term “fall” is used in several instances by Mounir Fatmi in the titles of his pieces, such as for the sculptures “The Falls”, created with calligraphic motifs cut out of metal, or “After the Fall”, which also shows a broken red jumping pole, but in this case its fragments are placed on a table. In his artistic corpus, the fall designates what’s left after having been confronted with the violence of reality. As in the projects “Save Manhattan”, which reproduce with various techniques New York’s skyline as it was before the September 11 attacks, “After the Fall” explores the architecture of our societies, perceptions and thoughts.
The horse jumping pole is also a recurring material in Mounir Fatmi’s work. It refers both to the trial of reality and to the means for exploring it, namely the artistic approach: “The obstacle is essentially a work of art, fragile, instable, always risking to fall” (Mounir Fatmi). It is used to develop an indirect method of investigation, one that is based on the effects, the consequences of the interaction between the individual and reality. The plastic motif enables a modeling of our relation to reality expressed with a type of narrative minimalism. In effect, the fall triggers a series of observations. The obstacle is broken: what was resisting has given way, and the rupture that can be observed suggests the force required to create such a result. The object has been divided into two, and though it can no longer fulfill its original function, it can nevertheless be used as a material to build another piece of work.
Lastly, the inside of the jumping pole is now visible and can be seen under the coat of red paint: the accident enabled an examination that wasn’t possible before. If the fall signifies an ending or a defeat, it also marks the beginning of another process, the repairing or elaboration of a different object. Yet the series of photographs “After the Fall” doesn’t mean for the viewer to give in to defeatism or submission to the powers of history. On the contrary, they seem to suggest a strategy consisting in getting back in the saddle after a fall, learning from one’s experiences and opting for movement and “permanent displacement”, to use one of the artist’s expressions.
Studio Fatmi, February 2018.
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