Cette compilation sonore « Fragments et solitude » réalisée entre 1999 et 2006, regroupe des pièces dont le thème commun est le langage, ses possibilités de communiquer avec l'autre et sa capacité à transformer le monde. Face à l'incommunicabilité, à la séparation, à la censure ou à l'enfermement dans l'identité, cette compilation formule le désir d'une langue capable d'exprimer l'inexprimable en changeant les règles.
Les enregistrements multiplient les sources auditives : bruits urbains et naturels, dialogues dans les espaces publics, voix féminines, respirations haletantes d'amants épris dans de discrètes étreintes amoureuses (dont certaines sont extraites du film « Une minute de soleil en moins » du réalisateur marocain Nabil Ayouch), sons de manipulations d'appareils enregistreurs (où se signale la présence de l'auteur de la bande-son), phrases poétiques tirées du manifeste artistique de l’artiste. A ces sons analogiques se mêlent également des sonorités numériques distillant tour à tour inquiétudes et espoirs dans l'esprit de l'auditeur.
Chaque bande-son semble extraite de l'intimité des personnages représentés. L'auditeur y pénètre, avec ce côté indiscret et voyeuriste qui se manifeste lorsque votre interlocuteur oublie de raccrocher son téléphone portable et que vous continuez à écouter l’ambiance sonore de là où il se trouve. Les œuvres sonores de mounir fatmi relient souvent de manière allusive les thèmes de la censure et des interdits à la nécessité de l'affirmation du désir individuel. Invitant le spectateur à développer une stratégie du déplacement et de la rencontre, la compilation sonore « Fragments et solitude » invite le public à monter à bord d'un véhicule à moteur et à accompagner mounir fatmi dans un de ses voyages poétiques.
Studio Fatmi, Aout 2019.
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The “Fragments and Solitude” sound compilation, created between 1999 and 2006, gathers pieces whose common theme is language, its possibilities in order to communicate with others and its capacity to transform the world. In the face of incommunicability, separation, censorship and the fact of being locked within a given identity, this compilation formulates the desire for a language capable of expressing the inexpressible by changing the rules.
The recordings comprise multiple audio sources: urban and natural sounds, conversations in public spaces, women’s voices, lovers panting during discrete encounters (some of which are taken from the film “Une minute de soleil en moins” by Moroccan director Nabil Ayouch), sounds of the manipulation of recording devices (through which the presence of the soundtrack’s creator is signaled), and poetic phrases taken from the artist’s manifest. These analog sounds are combined with digital sound bites, instilling in turns anxiety and hope in the listener’s mind.
Each soundtrack seems to have been extracted from the privacy of the characters represented. The listener thus invades it, with the same indiscrete and voyeuristic dimension as when your interlocutor forgets to hang up their mobile phone and you continue hearing the background sounds of where they are. mounir fatmi’s sound pieces often connect in an allusive way the themes of censorship and interdiction with the necessity of the affirmation of individual desires. Inviting the viewer to develop a strategy of displacement and encounters, the “Fragments and Solitude” sound compilation encourages the public to get in a motorized vehicle and accompany mounir fatmi on one of his poetic journeys.
Studio Fatmi, August 2019.
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