Installation lumineuse, Technologia se compose de 25 images fixes ou cinétiques, projetées à un rythme rapide et saccadé sur les surfaces de divers édifices architecturaux de grandes villes à travers le monde, de Genève à Doha, en passant par Toulouse. Les images circulaires mêlent des figures géométriques à des motifs tirés de la calligraphie arabe et religieuse.

Technologia se propose à la fois comme une expérimentation et une réflexion sur les perceptions, les significations et les interactions culturelles, au croisement de l'art contemporain et de la linguistique. L'œuvre interroge notre rapport au monde à partir de la mise en relation des images et de l'architecture, de l'art contemporain et de la calligraphie. Multipliant les références et les sources d'inspiration, l'installation rappelle les rotoreliefs à formes circulaires de Duchamp - machines à produire des illusions visuelles qui font se rencontrer les techniques de l'art optique et celles du monde moderne industrialisé, et renvoie également au travaux de Wittgenstein autour des jeux de langage, qui tentent de mettre en évidence de quelle manière les significations naissent des usages et des contextes. Avec Technologia Mounir Fatmi propose de participer à une expérience : que se passe t'il lors de la rencontre de la calligraphie arabe et de l'art contemporain et plus largement lors de la rencontre de différentes cultures ? Dans son acception étymologique, le titre de l'œuvre suggère qu'il est également question de l'étude d'une compétence particulière : celle de la machine et du spectateur à produire, percevoir ou encore associer signes et motifs.

Le résultat est un fascinant spectacle de composition et de recomposition permanent, un chaos d'images géométriques s'entrechoquant, reproduisant le mouvement d'un monde entraîné dans une frénésie de consommation et de production de signes. Les images projetées à un rythme stroboscopique, ou simplement fixes, jouent avec les limites de la persistance rétinienne du spectateur et mettent à mal ses repères visuels à coups de décentrements successifs. Dotées d'une indéniable dimension esthétique, elles ne laissent cependant pas d'attirer l'œil. Les compositions graphiques tendent finalement à induire chez l'observateur un état hypnotique de méditation contemplative et active où les signes linguistiques, sortis de leur contexte et du cadre de la doctrine religieuse, se transforment en motifs abstraits, comme autant d'éléments d'une géométrie nouvelle, d'un monde et d'un rapport au monde sans cesse changeant et renouvelé.


Studio Fatmi, septembre 2017